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L’honorable orateur, pour aligner les chiffres du budget, pour combler le déficit et éteindre la dette flottante, aurait pu indiquer les moyens que son expérience lui faisait entrevoir comme praticables : l’impôt ou l’emprunt, et indiquer dans quelle proportion on devait recourir à l’un ou à l’autre, mais il avait un sujet spécial à traiter et il s’est contenté seulement en quelques paroles de détruire l’illusion des économies suffisantes. Or, c’est déjà avoir rendu un grand service à l’opinion que d’avoir montré quelle faible ressource l’économie, — qu’il ne faut jamais cesser d’appliquer, car si elle ne guérit pas le mal, elle l’empêche de s’accroître, — l’économie peut fournir pour remettre en ordre le budget. L’honorable orateur aurait pu ne pas s’en tenir à cette démonstration : selon nous, il y avait à insister non-seulement sur l’impossibilité de faire des économies suffisantes, mais encore il pouvait indiquer les nouvelles et de plus en plus fortes dépenses auxquelles la France est appelée à se livrer.

Que notre gouvernement le veuille ou non, il y a partout des besoins impérieux à satisfaire promptement et, en ce qui concerne le budget départemental en particulier, c’est par la déclaration de cette vérité que nous voulons nous-mêmes aborder de plus près l’examen auquel nous nous livrons. De même que M. Henri Germain a dû mettre en garde la chambre des députés contre tout examen qui accepterait l’idée d’économie comme réalisable, nous tenons à protester à l’avance contre le maintien même du statu quo départemental. Les travaux de viabilité, les distributions d’eau et de lumière, les sacrifices de plus en plus lourds de l’instruction primaire, le service de la charité et de la bienfaisance publique exigeront des efforts bien autrement grands que par le passé, et il n’y a pas à les retarder d’une seule année. Que ce soient les communes, les départemens, ou l’état qui soient chargés seuls ou en commun de parfaire ces dépenses, elles s’imposent et il faut s’en préoccuper dès à présent. Nous avons déjà, en parlant du budget municipal, indiqué ces nécessités ; nous devons y insister encore au sujet des budgets départementaux.

Parlons de la vicinalité, qui la première a été l’objet de mesures générales. En dépit de sacrifices qui datent de loin, il est nécessaire d’en faire de plus grands encore : les départemens n’ont pas tous terminé leurs chemins de grande communication et d’intérêts locaux. Dans une séance du sénat, le 26 mai dernier, M. Lafond de Saint-Mûr interpellait le ministre de l’intérieur sur l’urgence de terminer le troisième réseau de chemins que les populations réclament avec encore plus d’insistance que les deux premiers. Il s’agit de 600,000 kilomètres à faire : la caisse des chemins vicinaux est vide, les subventions de l’état et des départemens sont taries, au