Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 65.djvu/298

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES LETTRES
DE
MADAME DE GRIGNAN

II ;[1]
DE 1677 A 1694.


I

C’est le 6 juin 1677 que la correspondance recommence entre Mme de Sévigné et sa fille. La séparation, comme toujours, avait été cruelle. Mme de Grignan avait pleuré en quittant sa mère, ce qui était rare : « C’est une affaire pour vous ; pour moi, c’est mon tempérament. » Mme de Sévigné, sans sa fille, se trouvait « toute seule, toute nue. » Mais un nouveau sujet de chagrin s’ajoutait à celui-là : l’inquiétude sur la santé de Mme de Grignan : « Votre poitrine me tient fort au cœur[2]. » C’est le sujet de bien des plaintes. Elle craint que ce ne soit une grande fatigue pour sa fille d’écrire si souvent et si longuement : « Je me suis fâchée que vous m’ayez écrit une si grande lettre en arrivant à, Melun. » Le plus triste de

  1. Voyez la Revue du 1er septembre.
  2. Elle dit ailleurs : « La bise de Grignan me fait mal à votre poitrine. » (29 décembre 1688.)