Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 65.djvu/243

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le gouvernement était le premier à s’incliner. Depuis, la république a eu les transportations en masse, les conseils de guerre en permanence et tous les luxes de l’arbitraire. Sous ces régimes qu’on diffame, les finances étaient si sagement et si habilement gouvernées qu’elles avaient pris une solidité à toute épreuve, que le crédit grandissait sans cesse ; depuis quelques années, on a tellement abusé de tout, des emprunts, des consolidations, des crédits extraordinaires, qu’on en est positivement à se demander avec une certaine anxiété ce qui arriverait si une crise extérieure ou intérieure survenait tout à coup. Quand elles disparaissaient l’une et l’autre, les deux monarchies laissaient la France relevée des désastres de la guerre, aimée par les peuples pour son influence libérale, respectée par les gouvernemens dans le monde. La diplomatie inaugurée depuis quelques années a peut-être quelques progrès à faire pour en revenir là. Les républicains du jour qui ont la prêtention de refaire l’histoire comme ils refont la politique, sont plaisans avec leurs déclamations vieillies ! Ils feraient mieux pour leur instruction et pour le bien de la république, d’étudier plus sérieusement ces régimes d’autrefois, dont ils n’ont pris jusqu’ici que les abus sans en égaler les grandeurs.


CH. DE MAZADE.


LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

La seconde quinzaine d’août a vu se continuer la lutte entre la spéculation qui vend des rentes françaises à découvert, à mesure que s’élargit la portée du conflit franco-chinois, et les banquiers qui achètent, en dépit des événemens politiques, parce qu’ils établissent leurs calculs sur des faits péremptoires, l’abondance de l’argent et l’absorption continue des valeurs à revenu fixe par l’épargne. La lutte se termine en ce moment, comme il y a un mois, à la veille