a trop légèrement indiqués, et tantôt en y ajoutant quelques autres qu’il nous y semble avoir omis.
On sait dans quelles conditions l’abbé de Fénelon, précepteur des ducs de Bourgogne, d’Anjou et de Berry, prit possession du siège de Cambrai. La querelle du quiétisme, à peine alors émue, semblait toute prête à s’apaiser, même avant d’avoir été sérieusement agitée. Bossuet, du moins, le croyait si bien qu’il voulut être lui-même le consécrateur du nouvel archevêque. M. Emmanuel de Broglie n’a pas pensé qu’il fût nécessaire, ni même prudent, d’examiner au fond ce mémorable débat. Et, en effet, non-seulement la controverse a beaucoup perdu de l’intérêt qu’elle souleva dans sa nouveauté, mais encore, pour en parler utilement, il y faudrait un appareil de textes et une précision de termes qui ne sauraient appartenir qu’aux seuls théologiens. Peut-être néanmoins, sans juger de la querelle, et puisqu’elle est tout entière postérieure à la nomination de Fénelon au siège de Cambrai, n’eût-il pas été tout à fait inutile de bien montrer d’abord et bien caractériser la conduite qu’il y suivit. Car plusieurs faits semblent certains, qui ne parlent guère en sa faveur. On peut, par exemple, douter qu’il eût pris fait et cause pour Mme Guyon avant que d’être assuré de son siège archiépiscopal, puisque, dès qu’il fut nommé, le changement fut si soudain que les bras en tombèrent à Bossuet de douleur et d’étonnement. Il est permis de dire aussi que, si les entraînemens de la controverse expliquent bien des manquemens, rien au monde ne saurait excuser la réelle mauvaise foi dont il fit preuve dans toute la dispute, et encore moins les insinuations qu’il ne craignit pas de diriger contre son grand rival. Ajouterai-je que l’attachement à son sens individuel et l’orgueilleuse conscience de son infaillibilité propre, dont on retrouve la marque à chaque ligne de ses Défenses, suffiraient pour inspirer des doutes sur la promptitude et la franchise d’une soumission trop vantée, si la Correspondance elle-même n’était là pour témoigner qu’à vrai dire cette soumission ne fut jamais bien entière ou qu’elle fut, à tout le moins, bien tardive ? « Pour moi qui suis si soumis, on m’écrase. Dieu soit loué ! Laissez Rome m’envoyer ou ne m’envoyer point de bref. Ils sont nos supérieurs ; il faut s’accommoder de tout sans se plaindre, et demeurer soumis avec affection pour l’église mère, et porter humblement l’humiliation. » Ainsi écrivait-il au lendemain de la condamnation de son livre, et quoique cette manière de se soumettre, — « parce qu’ils sont nos supérieurs » et « qu’il faut s’accommoder de tout, » — ait quelque chose d’assez peu déférant, il n’y aurait qu’à louer si Fénelon s’en était tenu là. Malheureusement, bien loin de s’y tenir, il ne dépendit pas de lui de ranimer la dispute après la condamnation de son livre, et s’il ne persista pas dans sa doctrine jusqu’à son dernier jour, il y