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LE NOUVEAU BILL
DE
REFORME ELECTORALE
ET LA
CHAMBRE DES LORDS

Un publiciste anglais, M. Bagehot, écrivait, il y a quelque vingt ans, qu’on avait tort d’imaginer que la chambre des lords fût un rempart contre la révolution. Il remarquait que, dans les temps de troubles révolutionnaires, il n’y a que deux pouvoirs : le peuple et l’épée, mais qu’une chambre haute n’est pas une épée, qu’une assemblée pacifique, « composée de lords timides, de jurisconsultes âgés et de quelques littérateurs émérites, » n’a pas la force de comprimer une nation et de lui imposer ses volontés. « Toute chambre haute, disait-il, qui se recrute dans une classe privilégiée et ne représente qu’une minorité, se sent bien faible pour résister à un mouvement national. Les plus sages des lords, ceux qui dirigent le troupeau, savent qu’il faut céder au peuple quand le peuple veut et commande. On l’a bien vu, et dans la discussion de l’acte de réforme et dans la législation des céréales. Pour la plupart des lords, la réforme était la révolution, le libre-échange était la confiscation, et cependant ils ont cédé. » Les anémomètres ne sont pas destinés à nous protéger contre les tempêtes, ils