Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 65.djvu/182

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

municipales et des compagnies de le défendre contre la double attaque dont il est le point de mire, en prescrivant et en réalisant les progrès qu’il comporte, aux points de vue d’un bon service et de l’économie. L’expérience prolongée qui se poursuit à Paris mérite d’être attentivement observée pour l’étude des questions si complexes qui intéressent les agglomérations de plus en plus nombreuses destinées à vivre dans les villes capitales.


III

Pour l’administration de ces grandes villes où vivent et meurent, dans un espace resserré, des millions d’habitans, tout est problème. Les moindres détails de l’organisation municipale, soit qu’ils intéressent l’ensemble de la population, soit qu’ils intéressent seulement les individus, présentent une importance extrême. La réglementation qui, dans la plupart des villes, semblerait abusive et importune, devient ici nécessaire. Maintenir l’ordre, assurer la police, entretenir la salubrité, organiser l’assistance, répartir l’enseignement, autant de problèmes qui s’imposent au législateur et qui, même à Paris, après de longues années d’études et d’efforts, sont loin d’être complètement résolus. A mesure que Paris s’accroît en étendue et en population, les difficultés naissent ou augmentent, exigeant d’incessantes réformes, dont le progrès est trop souvent contrarié par la mobilité des régimes politiques. Les document classés avec méthode dans le livre de MM. Maurice filock et de Pontich permettent de retracer à grands traits la situation actuelle des principaux services de l’administration parisienne. Avant 1848, le service de la police comprenait un personnel de 750 agens environ, et il était secondé par la garde municipale, dont l’effectif se composait de 1,500 hommes. Ce service fut réorganisé en 185a sur le modèle de la police de Londres. Le chiffre du personnel fut porté à 3,000 agens, puis à A,500, en 1860, lors de l’annexion ; il est aujourd’hui de 7,750. L’effectif de la garde municipale a de même été successivement modifié ; il compte environ 3,800 hommes. La police de Paris a donc à sa disposition un personnel de 11,500 hommes, affectés aux différens services, et ce chiffre est considéré comme insuffisant, le nombre annuel des arrestations dans le département de la Seine atteignant 46,000 individus, parmi lesquels figurent 20,000 récidivistes ou repris de justice, et plus de 3,000 étrangers. Cette statistique de la répression donne la mesure de la tâche qui est imposée à la surveillance préventive appelée à s’exercer, de jour et de nuit, sur la voie publique. Les services spéciaux pour la circulation des voitures, pour les halles