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L’éclairage au gaz a été concédé en 1855 à une compagnie unique, formée par la fusion de plusieurs sociétés qui desservaient Paris et la banlieue. Le prix du gaz était alors de 0 fr. 30 par mètre cube pour l’éclairage public et de 0 l’r. 40 pour l’éclairage privé. Le traité de 1855, concédant le privilège pour une durée de cinquante années, réduisit immédiatement ces prix à 0 fr. 15 et 0 fr. 30. Deux autres traités, conclus en 18 ; il t-t 1870, ont complété la convention de 1855 et réglé dans tous les détails les rapports de la compagnie avec les villes et les consommateurs. Ils réservent à l’administration municipale le droit d’imposer l’emploi de tout procédé d’éclairage qui, par suite des progrès et des découvertes de la science, serait reconnu préférable au gaz ; ils lui réservent de même le droit de réduire encore le tarif de l’éclairage pour le cas où l’invention de procédés nouveaux appliqués à la fabrication du gaz procurerait à la compagnie une économie notable dans le prix de revient ; ils stipulent enfin des clauses financières qui associent la ville à la propriété des immeubles et aux bénéfices de l’exploitation. En 1855, date de l’organisation de la compagnie, la consommation du gaz parisien était de 40 millions de mètres cubes ; en 1863, après l’annexion, elle dépassa 100 millions de mètres ; en 1883, elle s’est élevée à 283 millions ; les installations nécessaires pour l’exécution de ce service, qui s’accroît chaque année, représentent actuellement un capital de 238 millions de francs. La canalisation, c’est-à-dire la longueur des conduites de gaz placées sous la voie publique dépasse 2,000 kilomètres. Il est peu d’exemples d’un progrès aussi rapide. En même temps, devant la concurrence dont le menace l’éclairage électrique, l’éclairage au gaz s’est amélioré.

Cependant, le prix du gaz, tel qu’il a été fixé en 1855, est trop élevé. Les Parisiens, qui paient 0 fr. 30 le mètre cube, observent avec envie que le mètre cube ne coûte à Bruxelles que 0 fr. 20 ; à Londres que 0 fr. 14, et comme la compagnie du gaz, qui est bien administrée, fait de bonnes affaires, on demande que le tarif soit réduit. Le conseil municipal s’est donc mis en campagne. Il y avait pour lui un moyen facile de donner satisfaction à ses électeurs ; c’était d’appliquer à la réduction des tarifs la part d’impôt et de bénéfice qu’il reçoit de la compagnie du gaz et qui atteint environ 20 millions par an. La compagnie aurait fait, de son côté, un sacrifice et une réduction très sensible du prix de consommation serait devenue praticable. Le conseil municipal a préféré garder ses 20 millions et réclamer de la compagnie l’abaissement des tarife, par le motif ou sous le prétexte que la diminution du prix de revient. rendrait applicable la clause, rappelée plus haut, du traité de 1870. De là procès, engagé en 1882 au nom de la ville. D’après les