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ne faut pas compter sur l’efficacité de la loi relative aux logemens insalubres ; si cette loi était appliquée dans toute sa rigueur, une grande partie des locaux occupés par les familles d’ouvriers seraient condamnés, et les locataires, ne trouvant plus où gîter, devraient coucher à la belle étoile. Le remède serait pire que le mal. C’est par une réforme radicale qu’il convient de procéder. Il s’agit de la santé publique ; riches et pauvres y ont un égal intérêt. Si quelques sacrifices d’argent, et même de principe, sont reconnus nécessaires pour stimuler l’esprit d’entreprise et pour accélérer le progrès dans l’organisation du logement, on n’aura point à les regretter. Ce qui existe, ce que l’on voit, ou plutôt ce que l’on ne voit pas assez, est une disgrâce pour la capitale, en même temps qu’un mauvais calcul. Mieux vaut assurément faire quelques dépenses pour encourager la réforme des habitations que d’être obligé d’agrandir les hôpitaux et les cimetières. Cette question du logement doit être l’un des plus grands soucis de l’édilité parisienne.


II

A l’extension de Paris, à l’accroissement du chiffre de la population se rattachent, par un lien direct, les problèmes qui intéressent la circulation et les modes de transport. Les facilités de la circulation doivent être en proportion du nombre des habitans, de l’activité des affaires et des distances à parcourir. Les bénéfices qu’elles procurent, par l’économie et par la rapidité des communications, peuvent être chiffrés très haut. Paris a réalisé, sous ce rapport, depuis un demi-siècle, des progrès considérables, dont la création des omnibus, en 1828, marque la première date. De 1830 à 1850, le développement du transport en commun et le service des gares de chemins de fer doublèrent, et au-delà, le mouvement de la circulation. De 1850 à 1870, ce mouvement fut accéléré par la transformation de Paris, par le percement de larges voies, par l’annexion des communes suburbaines. Depuis 1870, il a été entretenu par la reprise des grands travaux d’édilité, par l’accroissement continu de la population et par l’organisation des tramways. Les statistiques de la Compagnie générale des omnibus donnent la mesure de ce progrès non interrompu. En 1855, première année de la concession privilégiée, les voitures de cette compagnie transportaient dans l’enceinte de Paris 36 millions de voyageurs ; en 1883, elles en ont transporté plus de 200 millions.

On compte, à Paris, 9,000 voitures de place ou de remise, et 1,200 omnibus ou voitures de tramways, auxquels il faut ajouter, comme moyens de transport affectés au service public, les bateaux-omnibus qui circulent sur la Seine et le chemin de fer de ceinture,