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fois achevés, les transactions se sont en quelque sorte arrêtées, le monde de la spéculation ayant pris ses vacances. Il ne se fait depuis les premiers jours du mois que des affaires complètement insignifiantes, aussi bien sur les rentes que sur les valeurs, et les variations de cours qu’enregistre la cote sont, pour la plupart, purement nominales. Il est incontestable, cependant, que les tendances restent très fermes, et que la leçon si sévère qui vient d’être infligée aux vendeurs leur a enlevé momentanément tout désir d’exploiter des événemens extérieurs qui, en d’autres temps, auraient fourni de si excellons prétextes de baisse.

Si l’on ne consultait en effet que les indications d’ordre politique, on ne serait pas à court d’argumens contre un mouvement de hausse reposant exclusivement sur une situation de place où les baissiers ont été dépouillés violemment de tout droit de raisonner et d’opérer sur leurs raisonnemens.

Mais les haussiers ont réponse à tout. Le choléra restera bénin, comme on l’avait dit dès les premiers jours. La Chine ne nous fera pas la guerre et se soumettra à toutes nos exigences aussitôt que nous aurons montré assez de vigueur et de résolution pour nous emparer de certains gages et menacer la cour de Pékin d’une guerre sans merci. La conférence de Londres a échoué, c’est vrai, mais les porteurs de titres d’Egypte n’auraient eu aucune raison de se réjouir d’un résultat contraire, puisqu’ils n’y pouvaient gagner qu’une réduction d’intérêt. La France reprend sa liberté d’action ; mais ne vaut-il pas mieux qu’il en soit ainsi et qu’on n’ait plus rien à faire avec cet arrangement anglo-français qui avait causé de si légitimes appréhensions dans nos cercles politiques ? Les membres de l’assemblée nationale se sont chaudement disputés ; mais la majorité a eu raison des obstructionnistes et achève son œuvre, sans le moindre souci des anathèmes dont l’accablent les partis extrêmes. Tout est bien qui unit bien.

Au surplus, les choses auraient-elles plus mal tourné que les rentes n’en seraient pas plus abondantes sur notre marché et que les vendeurs sans titres, aux prises avec la haute banque qui achète et les détenteurs qui ne livrent pas, ne se trouverait pas moins embarrassée à la fin du mois pour liquider son opération.

De là vient que chaque jour voit se consolider les cours atteints au moment de la liquidation. Sur les deux 3 pour 100 il y a même eu progrès sensible pendant cette première quinzaine, les prix s’étant élevés de 0 fr. 40, et rien ne permet de prévoir que les directeurs du mouvement soient disposés à laisser se produire la moindre réaction.

L’italien a monté de 0 f. 50. Ce fonds s’approche peu à peu du pair, où une spéculation spéciale ne désespère point de le porter avant la fin de l’année. Même progrès sur la rente Extérieure d’Espagne, par