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phénomène autrefois général et embrassant les deux hémisphères à partir d’une distance déterminée des tropiques.

On a recherché la cause de cette ancienne élévation de température, qui se résume, pour le temps des houilles, dans l’absence de tout froid polaire et la confusion des zones tempérée et froide actuelles en une seule, gouvernée par les mêmes conditions de climat que la zone tropicale de nos jours. Longtemps on s’était contenté d’invoquer la chaleur centrale ou chaleur propre du globe terrestre ; mais, outre que la liquéfaction intérieure de la terre, sous une pellicule solide, est loin d’être démontrée, l’action calorifique du noyau interne a dû cesser bientôt de se communiquer à la surface d’une manière effective, tellement les substances qui entrent dans la composition de l’écorce conduisent mal la chaleur. Il est permis d’en juger par les laves qui, encore pâteuses et brûlantes à quelques mètres de profondeur, sont déjà solides et froides à la superficie. N’a-t-on pas imaginé qu’il suffisait des éruptions et déjections de matières en fusion : porphyres, basaltes, trachytes, laves, pour expliquer l’élévation de la température des anciennes périodes ! Mais, en laissant ce qui est chimérique, on rencontre d’autres hypothèses qui ont au moins une part de vraisemblance : c’est d’abord le redressement de l’axe terrestre, maintenant incliné de 23 degrés sur le plan de l’orbite, et qu’on suppose lui avoir été perpendiculaire, comme chez Jupiter. Dès lors, le jour et la nuit ayant constamment et partout la même durée, la principale cause de l’inégalité des climats se trouverait supprimée, la même saison régnant d’un bout à l’autre de l’année. Pourtant, outre les difficultés à peu près insurmontables qu’opposent les astronomes à un changement de l’axe, d’abord droit, puis graduellement incliné, on n’éliminerait pas par ce moyen les différences de latitude, ni l’abaissement graduel du climat vers les pôles. La chaleur serait faible, bien que permanente, en dehors de l’équateur et pour la zone intermédiaire, sur un globe ainsi construit. L’obliquité des rayons solaires vers les pôles y ferait régner un temps froid, sans extrême d’aucune sorte, et avec une lueur trop pâle et rasant l’horizon de trop près pour entretenir une végétation tant soit peu vigoureuse.

Toutes les périodes à durée limitée relevant soit de l’excentricité de l’orbite, soit de la précession des équinoxes, ne sauraient être applicables aux âges reculés ; leur périodicité même conviendrait très mal aux phénomènes à interpréter. Mais Heer, dans la partie générale qui sert d’introduction à sa Flore fossile arctique, a exposé un autre système, de nature à expliquer, selon lui, l’élévation des anciens climats. Il suppose que la terre, emportée avec le soleil au fond de l’espace, accomplirait le cycle d’une année incommensurable, dépendant d’un astre central, autour duquel