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par une série de décrets successifs, la concession d’une ligne de Rome à Civita-Vecchia, d’une ligne de Rome à Bologne par Ancône, qui devait rejoindre à Bologne le réseau de l’Italie centrale et, par conséquent, le réseau lombard-vénitien, d’un embranchement de cette même ligne vers Ferrare et l’embouchure du Pô, enfin d’une ligne de Civita-Vecchia vers la frontière toscane, près de Chiavone. Les concessionnaires constituèrent, dans les derniers mois de 1856, sous le nom de Société générale des chemins de fer romains, une compagnie au capital de 85 millions, qui ne tarda pas à absorber la Société Pio-Latina et qui ouvrit au service des voyageurs, dès le 16 avril 1859, la ligne de Rome à Civita-Vecchia.

Elle avait également imprimé une grande activité aux travaux de la ligne de Frascati à Ceprano et conclu des traités pour l’exécution de la ligne de Rome à Bologne, lorsque la guerre de 1859 vint lui créer la situation la plus délicate. Le gouvernement piémontais s’empara successivement des provinces pontificales que devaient desservir les lignes les plus importantes de la société : qu’allaient devenir les conventions passées par celle-ci avec le gouvernement romain et par qui seraient payées les subventions qui servaient de garantie à ses obligations ? Le ministère italien ouvrit aussitôt des négociations avec le saint-siège, mais le succès en était difficile : le gouvernement romain ne voulait souscrire à aucune stipulation qui parût consacrer un abandon de ses droits de souveraineté ; d’un autre côté, ayant perdu la presque totalité de son revenu, il ne pouvait se dissimuler l’impuissance où il était de tenir les engagemens financiers qu’il avait pris. Ce ne fut que le 12 juin 1864 qu’une convention put être signée entre l’Italie et l’état pontifical pour autoriser et régler le raccordement dés lignes situées sur les deux territoires.

Le gouvernement italien n’avait pas attendu cette solution pour entrer en arrangement avec la Société générale des chemins de fer romains ; la construction des voies ferrées qui devaient rattacher à la vallée du Pô les provinces nouvellement acquises et qui devaient lui permettre à lui-même de faire sentir partout son action était une nécessité urgente et presque une question de salut. Ce besoin devint plus pressant encore lorsque l’annexion du royaume de Naples eut accru et compliqué sa tâche. Le gouvernement commença donc par confirmer, en ce qui le concernait, la. concession de la ligne d’Ancône à Bologne, en y ajoutant la concession d’un embranchement de Castel-Bolognese à Ravenne. Il chargea en même temps la Société générale de construire la ligne de Ceprano à Capoue, abandonnée par la compagnie napolitaine qui en était concessionnaire.