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ligne partant de Florence même et se dirigeant par Arezzo vers la frontière romaine en vue d’aller rejoindre la ligne de Rome à Ancône, dont le gouvernement pontifical avait ordonné l’étude.

En présence de l’exemple donné par la Toscane et des études prescrites par le gouvernement autrichien en vue de l’établissement d’un réseau complet dans ses provinces italiennes, le gouvernement piémontais ne pouvait demeurer inactîf. Le 18 juillet 1844, des lettres patentes du roi Charles-Albert décrétèrent l’établissement de deux chemins de fer, l’un de Turin à Gênes par Alexandrie et l’autre d’Alexandrie au lac Majeur par Novare, et ordonnèrent que les études en fussent immédiatement commencées. De nouvelles lettres patentes, en date du 13 février 1845, décidèrent qu’afin d’assurer et de rendre plus prompte l’exécution de ces chemins de fer, ils seraient construits pour le compte de l’état et à la charge du budget par les soins du corps des ingénieurs civils. L’administration à laquelle devait être confiée l’exécution de cette importante entreprise devait être assistée d’un conseil spécial, institué tout exprès ; elle était affranchie des formalités usuelles, ainsi que des divers contrôles auxquels les autres administrations publiques étaient assujetties.

Les lettres patentes plaçaient la construction et l’exploitation des futurs chemins de fer dans les attributions du ministère de l’intérieur, duquel relevaient alors les travaux publics : elles instituaient, sous la présidence du ministre, un conseil nommé par le roi, et chargé de statuer sur les projets et sur les traités relatifs à la construction et à l’exploitation des voies ferrées, ces matières devant cesser d’être soumises à l’approbation de la section du conseil d’état chargée des routes et de la navigation. Enfin, des lettres patentes du 30 octobre 1845 disposèrent que toutes les dépenses relatives aux chemins de fer feraient annuellement l’objet d’un budget spécial, préparé par les soins de l’administration de l’intérieur et annexé au budget de cette administration. Lorsqu’à la suite de la proclamation du statut royal du 4 mai 1848, les travaux publics furent distraits du département de l’intérieur et érigés en ministère spécial, on institua au sein de la nouvelle administration une direction générale, qui fut chargée de tout ce qui concernait la construction et l’exploitation des chemins de fer et auprès de laquelle le conseil spécial continua de fonctionner.

L’autorité de la direction générale s’étendait sur tout ce qui était relatif à la construction proprement dite, à l’entretien des lignes, au mouvement des trains, aux tarifs et au service commercial, à l’acquisition et à la conservation du matériel. Il serait sans intérêt d’entrer dans le détail de son organisation intérieure, puisqu’elle ne devait avoir qu’une existence de courte durée : il importait