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construction du réseau français ne datent que de 1838. Le chemin de fer de Portici fut prolongé, d’une part, sur Castellamare pour desservir l’arsenal maritime, et, de l’autre, sur Nocera, par Pompéi. Cette nouvelle section, qui longeait la côte pendant une partie de son parcours, nécessita des travaux considérables et d’une exécution difficile ; elle ne fut terminée qu’en octobre 1844 : elle devait être continuée sur Salerne, mais ce second prolongement se fit attendre aussi longtemps que le premier, et dans l’intervalle une autre ligne, de Naples à Capoue par Caserte, fut construite et mise en exploitation. Comme si l’honneur d’avoir donné l’exemple lui suffisait, le royaume de Naples s’en tint pendant près de vingt années à ces deux premières lignes : aucune des concessions qu’il accorda dans l’intervalle ne put aboutir. Un gouvernement beaucoup plus puissant ne faisait pas preuve de plus d’activité dans la construction des chemins de fer : l’administration autrichienne inaugura, le 18 août 1840, la petite ligne de Milan à Monza, d’une étendue de 13 kilomètres, dont le prolongement jusqu’au lac de Côme se fit attendre neuf années, et c’est seulement le 17 février 1846 qu’on livra à l’exploitation les 31 kilomètres de Milan à Treviglio.

La Toscane est le premier état italien qui ait possédé un ensemble de lignes bien entendues et desservant toutes les parties de son territoire ; ce n’est pas le moindre titre d’honneur du souverain paternel et intelligent qui présidait alors aux destinées du grand-duché. Une résolution souveraine du 14 avril 1838 décida la construction et ordonna la mise à l’étude d’une ligne de Florence à Livourne par Empoli et Pise : les études furent faites par Robert Stephenson, et la concession fut accordée à un groupe de capitalistes qui se constituèrent en société anonyme en vertu d’un décret du 5 avril 1841. La section de Livourne à Pise fut livrée à l’exploitation la première ; mais la ligne entière fut rapidement construite, et elle donna immédiatement des résultats assez avantageux pour déterminer de nouvelles demandes en concession. La ligne de Pise à Lucques fut concédée le 22 juin 1844, celle de Florence à Pistoia le 27 avril 1846, et celle de Lucques à Pistoia le 22 mai de la même année : ces deux lignes vers Pistoia avaient pour objet de mettre Florence et Livourne en communication avec le point où la chaîne des Apennins pouvait être le plus facilement franchie et de faire profiter ces deux villes des relations qui ne manqueraient pas de s’établir avec les Romagnes et avec la vallée du Pô. Une ligne se détachant à Empoli du chemin de Florence à Livourne et destinée à être prolongée jusqu’à la frontière romaine mit l’importante ville de Sienne en communication avec la capitale et avec la mer. Tout ce réseau était en pleine exploitation au commencement de 1850, et des capitalistes étaient en instance pour obtenir la concession d’une