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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Les rentes françaises ont donné, pendant la dernière quinzaine de juillet, le spectacle d’une hausse importante qu’aucune réaction n’a interrompue et qui atteint son apogée en pleine liquidation. Le programme que nous exposions ici même il y a quinze jours a été suivi de point en point. Le groupe de maisons de banque et d’établissemens de crédit qui a entrepris ce travail de relèvement des cours a procédé avec une régularité mathématique sans tenir aucun compte des influences extérieures, qui, d’ordinaire, exercent une action plus ou moins directe et sensible sur le marché.

Il a été entendu tout d’abord qu’il serait fait abstraction des événements, ou, du moins, que l’on interpréterait avec un parti-pris d’optimisme ceux qui s’imposeraient trop violemment à l’opinion publique. Au début du mois de juillet, il semblait qu’aucun effort sérieux de reprise ne pourrait être tenté aussi longtemps que subsisteraient les préoccupations relatives à l’épidémie cholérique, au conflit franco-chinois, à la conférence de Londres, à la révision constitutionnelle. Ces préoccupations subsistent, et cependant nos fonds publics ont monté de plus d’une unité.

Il est vrai que les haussiers qui sont entrés en scène vers le milieu du mois ont eu cette bonne fortune de voir les faits n’apporter jusqu’ici aucun démenti à leur optimisme de commande. Aucune des questions posées il y a trois semaines n’a encore reçu de solution, mais rien ne s’est aggravé, et, à certains égards, la situation présente une amélioration sérieuse.

Nous signalions, il y a quinze jours, ce fait singulier que la hausse des rentes avait été inaugurée avec éclat le jour même où le télégraphe transmettait des nouvelles désastreuses sur l’extension de l’épidémie à Toulon et à Marseille. Un moment, on a cru que le fléau avait gagné Paris. Les acheteurs ont montré une fermeté imperturbable et la rente a pendant vingt-quatre heures reculé à peine de 10 à 15 centimes. Puis le mouvement ascensionnel a repris son cours et le 4 1/2 pour 100 a passé de 107./j5 à 108.25. Aujourd’hui, on ne parle même plus de cas isolés à Paris et l’on apprend avec satisfaction que le nombre des décès en Provence subit une décroissance très rapide.