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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 juillet.

Et voilà comment les affaires mal conçues, mal engagées, mal conduites, sont nécessairement condamnées à se traîner à travers les obscurités et les contradictions pour n’aboutir à rien ou pour finir par les surprises de l’inconnu.

C’est l’éternelle histoire. On se figure pouvoir faire de la politique avec des fantaisies, avec de médiocres calculs de parti, avec de petites tactiques, et un jour ou l’autre on recueille ce qu’on a semé. On croit bien habile de céder à l’esprit d’aventure, de soulever des questions inutiles ou périlleuses sous le prétexte ingénieux de ne pas les laisser à des adversaires, et l’on ne réussit qu’à tout embrouiller, à mettre l’incertitude et le trouble dans une situation. Une fois qu’on s’est engagé sans réflexion et sans raison, on compte du moins qu’il sera toujours possible de se tirer d’embarras avec de la ténacité ou de la ruse, de passer à travers les écueils, et pas du tout : les embarras ne font que s’accroître à chaque pas sur la route où l’on s’est aventuré, les difficultés deviennent des impossibilités, la volonté et la ruse ne servent à rien, pas même à pallier le mal, qui s’aggrave. On va d’expédient en expédient, épuisant les combinaisons et les subterfuges, pour finir par se trouver, sans l’avoir prévu, sans y avoir songé, dans une crise véritable d’où l’on ne sait plus comment sortir. On s’est créé des dangers auxquels on n’échappe tout au plus que par des équivoques ou par de médiocres supercheries de tacticiens effarés. Seulement il y a une chose bien évidente, malheureusement aussi triste qu’évidente. Tandis qu’on va ainsi au hasard, cherchant péniblement une issue, poursuivant la solution des questions inutiles qu’on a si gratuite-