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inclusivement. C’est assez dire quels services peut rendre le sucrage des vendanges, non-seulement pour préserver de la destruction les vins trop faibles naturellement, mais encore pour augmenter les qualités des gros vins ordinaires et leur permettre de lutter sans désavantage contre les mêmes produits vinés à l’étranger.

Notre législation intérieure apporte malheureusement encore un obstacle sérieux à la généralisation de cette pratique si simple, dont l’emploi n’a jamais soulevé d’objection : elle maintient les matières premières à des prix beaucoup trop élevés, sans profit pour le trésor public. A la vérité, nous avons obtenu dans ces dernières années, grâce à M. Léon Say, une légère diminution dans les tarifs des impôts qui frappaient les sucres en général. Les vignerons en ont profité d’une manière indirecte, mais nous sommes encore bien loin de ce dégrèvement absolu des matières saccharines destinées aux vendanges. Et pourtant, nous aurions presque le droit d’y voir une mesure de salut public, comme nos lecteurs peuvent en juger par le tableau suivant :

TARIF DE 1877 POUR 100 KILOGRAMMES.

Sucres bruts au-dessous du type 13, 66 fr., 63 fr., 66 fr., suivant provenance.

Sucres bruts du type du au type 20, 69, fr., 66 fr., 69 fr., suivant provenance.

TARIF DE 1882 POUR 100 KILOGRAMMES.

Sucre brut en poudre de 98 pour 100 au moins, 40 francs.

— de plus de 98 pour 100, 52 fr. 50.

DIFFÉRENCES.


66 francs 63 francs 69 francs
40 » 40 » 52 fr. 50
26 francs 23 francs 16 fr. 50

Les propriétaires qui veulent ajouter du sucre à leurs vendanges ont donc encore à payer au moins 40 francs d’impôt par 100 kilogrammes, somme qui, ajoutée aux frais de transport des raffineries à la ferme et à d’autres menues dépenses, arrive presque à doubler le prix d’achat. Si, avec cela, on tient compte de l’ignorance, de l’apathie générale, et surtout de la diminution considérable des ressources disponibles des propriétaires terriens depuis ces dernières années, on ne s’étonnera pas de voir un si petit nombre de vignerons pratiquer le sucrage.

Les producteurs du Tarn et autres départemens limitrophes, dont les vins sont trop faibles, auraient dû peser leurs moûts et ajouter du sucre à leurs cuvées, ont dit à la tribune les adversaires