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les idées de M. Maurel sur cette question, nous lui sommes trop reconnaissant d’avoir tenté la première démarche sérieuse, pour ne pas donner quelques détails sur son projet, qui contient le germe des mesures que nous demandons.

Voici d’abord en quels termes M. le député Lalande, rapporteur de la 16e commission d’initiative, a cru devoir apprécier la proposition de M. Maurel. Les limites de ce travail ne nous permettent pas, à notre grand regret, de citer le rapport tout entier. Après avoir fait la peinture attristée de la situation de la viticulture française, M. Lalande continue en ces termes :

« Qu’il y ait là un élément perturbateur dans la fortune publique qui se fasse sentir sous diverses formes, notamment dans l’élasticité amoindrie des recettes du trésor, personne ne saurait en être surpris. Il y aurait plutôt lieu de s’étonner que ces résultats ne se soient pas fait sentir plus tôt ni plus gravement.

« Mais en présence d’une telle situation, on ne doit pas se laisser aller à des regrets stériles. Il faut réagir avec énergie pour combattre le mal, pour remédier à ses conséquences. L’intérêt des populations frappées et celui du pays tout entier en font un patriotique devoir.

« Or, des expériences faites depuis plusieurs années sur une vaste échelle donnent non-seulement l’espoir, mais la confiance la plus fondée que les vignobles détruits pourront être reconstitués au moyen des vignes américaines, soit en vue de la production directe, soit surtout comme porte-greffes de nos meilleurs cépages français.

« Les résultats obtenus depuis quelques années, de magnifiques et vastes vignobles entièrement reconstitués et donnant une production considérable, ont relevé les courages à ce point qu’on évalue à 20,000 hectares le chiffre des vignobles replantés cette année en vignes américaines.

« Mais beaucoup de propriétaires privés de revenu depuis bien longtemps n’ont plus d’autres ressources que leur terre, souvent grevée d’hypothèque, et se trouvent placés dans une position bien difficile pour effectuer les replantations. Ils sont forcés de recourir au crédit et il leur est trop souvent impossible de l’obtenir.

« Leur en faciliter les moyens, tel a été l’objet de la proposition de loi de M. Maurel et de fies collègues, dont nous rappellerons ici l’article 1er.

« Une somme de 1 million est inscrite au budget de 1884 comme garantie d’intérêt des sommes à prêter aux viticulteurs pour planter leurs vignobles en cépages américains,

« Le ministre des finances, interrogé par la commission d’initiative, a déclaré ne pouvoir donner son assentiment à cette