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contraction ; elle s’abaisse ensuite à 0m,11 et remonte à 0m,12 au moment de la contraction suivante. Si, au lieu d’examiner la pression dans un point déterminé de l’arbre artériel aux différens instans d’une révolution cardiaque, on l’explore au même moment dans les différentes artères, on remarque ce fait que la pression est la plus forte et qu’elle présente les oscillations les plus étendues au voisinage du cœur, dans les gros troncs artériels, et au contraire qu’elle est constante et quatre fois moindre, en moyenne, à l’entrée du réseau capillaire. Ces notions ne présentent pas de difficultés réelles, et elles sont fécondes en applications.

Nous n’en signalerons qu’une seule, qui est relative au phénomène du pouls. C’est, comme l’on sait, la sensation de soulèvement que le doigt éprouve lorsqu’il comprime une artère contre un plan résistant, par exemple au poignet contre l’os de l’avant-bras, à la tempe contre l’os temporal, et chez les animaux, chez le cheval, par exemple, à la face, contre la ganache. Les anciens ne s’étaient pas mis en grands frais d’imagination à ce propos. Galien avait tout simplement doté les artères d’une vertu pulsifique qui n’est pas sans analogie avec la vertu dormitive de l’opium. Reprenons l’image du sac artériel distendu par le sang ou du ballon gonflé. Il est clair que si l’on vient à le presser en un point, le contre-coup se fera sentir partout. Or, au moment où le cœur fait pénétrer dans l’artère une onde sanguine, il produit précisément cette compression que nous avons supposée et qui retentit universellement ; le doigt explorateur est ainsi affecté dans sa sensibilité tactile qui révèle précisément le degré de pression que nous exerçons sur les corps ou que les corps exercent sur nous. L’artère se dilate au même moment, mais ce n’est pas ce changement de volume que le doigt peut apprécier ; il n’a point de sens pour cela : c’est la variation de la pression sanguine. Cette sensation a toutes sortes de nuances et les anciens médecins apportaient dans la détermination de ces nuances une certaine virtuosité : ils distinguaient le pouls fort, faible, plein, filiforme, rapide, lent, mou, capricant, dur et même duriuscule, comme dit le personnage de Molière. Aujourd’hui l’on charge un instrument enregistreur de recueillir ces indications d’une manière automatique et de les conserver fixées dans un graphique. C’est le sphygmographe de M. Marey.

Parmi la multitude de phénomènes dont les explications ont été données par les physiologistes circulateurs de notre époque, nous avons dû nous contenter d’en indiquer deux. On concevra facilement que la matière soit en quelque sorte inépuisable et l’on comprendra par ces deux exemples ce que nous avons voulu seulement montrer, c’est-à-dire la direction physique et