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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




15 juillet.

Est-ce l’influence d’un temps peu propice aux œuvres sérieuses ? Est-ce l’effet de la fatigue, qui vient avec la saison, et qui ne permet plus de s’attacher avec suite, avec un zèle soutenu à toutes ces questions qui se pressent, les unes inévitables, les autres imprudemment soulevées ? Toujours est-il que nos affaires de France se ressentent visiblement de toutes les influences, et de l’atmosphère torride, et de la lassitude universelle, et des fausses directions d’une politique sans fixité comme sans prévoyance. Elles vont comme elles peuvent, d’un pas traînant et mal assuré, à travers des difficultés qu’on a laissées s’accumuler à cette fin de session, et avec lesquelles on voudrait bien probablement n’avoir point à compter aujourd’hui. On a hâte de passer les derniers défilés pour arriver le plus tôt possible au terme des travaux parlementaires, en ajournant tout ce qui n’est pas d’une nécessité immédiate. Bien entendu, il n’est pas pour le moment question du budget, qui n’est pas encore sorti des délibérations intimes de la commission, auquel on songera, suivant l’usage, à l’hiver. S’il y a des crédits à voter pour le Tonkin ou Madagascar, on les expédiera au pas de course. On ne parle plus même de cette loi de recrutement, pour laquelle on a livré de si vives batailles, qu’on était si pressé de voter, et qui fort heureusement finira sans doute par rester en chemin, délaissée par ceux-là même qui ont imaginé cette merveilleuse résurrection d’une garde nationale pour la défense du pays. Pour l’instant, on ne s’intéresse plus guère à ce qu’on fait, et, pour se reposer des émotions, en attendant les vacances, on s’occupe au Palais-Bourbon d’une loi sur les sucres. Tout ce qui reste d’attention à ce monde distrait, dans les derniers jours de la session, se partage entre la révision constitutionnelle, cette œuvre ingrate imposée par l’obstination de