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ne s’accroîtra qu’à raison d’une dépense maxima de 90 millions ; par an et dont la progression pourra toujours être retardée par un ralentissement des travaux de construction. On espère que le prudent croissant des anciennes lignes permettra d’emprunter graduellement, sous forme d’obligations, le capital nécessaire à la, construction des lignes secondaires sans qu’il soit besoin de créer de nouvelles rentes. Ce n’est, sans aucun doute, que substituer un emprunt indirect à un emprunt direct : cette substitution n’en est pas moins avantageuse aux finances italiennes, parce que le crédit d’un état se mesure au cours de ses fonds publics, et c’est la création continuelle de nouveaux titres qui a causé la longue dépréciation de la rente italienne.

Il ne suffisait pas d’alléger pour le budget la charge des constructions nouvelles, si imprudemment imposée à l’état par la loi de 1879, monument de corruption électorale ; il fallait pourvoir aux dépenses inévitables sur les anciennes lignes, même après l’exécution des travaux de réfection. Ces dépenses incombaient à l’état, puisque celui-ci retenait la propriété des lignes et ne pouvait se soustraire aux obligations de tout propriétaire. Pour les empêcher de tomber à la charge du trésor, on demande encore au produit des lignes elles-mêmes le moyen d’y faire face. Tel est l’objet réel des trois fonds de réserve dont la commission d’enquête avait recommandé l’institution et que M. Genala propose d’établir. On opérera donc sur la recette brute un prélèvement annuel de 200 francs par kilomètre pour les réparations nécessitées par des cas de force majeure ; un second prélèvement de 150 francs par kilomètre de voie simple et de 250 francs par kilomètre de voie double pour le renouvellement des rails et de leurs accessoires métalliques ; enfin un prélèvement de 1 1/4 pour 100 pour le remplacement du matériel roulant, mis hors d’usage. L’entretien ordinaire du matériel roulant est considéré comme incombant à l’exploitant, en sa qualité de propriétaire, et fait partie des charges de l’exploitation. Mais l’augmentation du trafic ne peut manquer de nécessiter la multiplication des voies, l’agrandissement des gares et de leur installation, l’accroissement du matériel fixe, toutes dépenses qui, en d’autres pays, sont portées au compte de premier établissement. Pour pourvoir à ces dépenses et à l’acquisition du matériel roulant nécessaire à l’exploitation des lignes nouvelles, M. Genala propose destituer une caisse des accroissemens patrimoniaux ; cette caisse se procurera des fonds par l’émission d’obligations au service et à l’amortissement desquelles elle fera face à l’aide1 de divers prélèvement institués en sa faveur.

On voit que le but poursuivi avec persistance par le ministre a