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UN
GENERAL DIPLOMATE
AU TEMPS DE LA REVOLUTION

I.
DUMOURIEZ AUX AFFAIRES ÉTRANGÈRES.


Archives des affaires étrangères, Correspondances de 1792.

Dumouriez avait cinquante ans en 1789. Après une carrière pendant laquelle il avait plus négocié que combattu et plus intrigué que négocié, il avait obtenu à grand’ peine la place de commandant militaire à Cherbourg. C’était un ambitieux : il n’avait pas réussi, il était agité, frondeur, mécontent. Parmi les survivans du ministère secret de Louis XV, quelques-uns le connaissaient et le tenaient pour un génie méconnu. Dans les bureaux de la guerre, on le considérait comme un faiseur ; dans ceux des affaires étrangères, comme un homme à chimères et un agent dangereux. Il semblait destiné à ne laisser qu’une trace incertaine dans les chroniques du temps : en dépouillant les registres de la Correspondance secrète et les papiers du comte de Broglie, l’historien, rencontrant le nom de Dumouriez à côté de celui de Favier, l’homme de main à côté du théoricien, se serait peut-être intéressé à ces deux singuliers