Dumouriez avait cinquante ans en 1789. Après une carrière pendant laquelle il avait plus négocié que combattu et plus intrigué que négocié, il avait obtenu à grand’ peine la place de commandant militaire à Cherbourg. C’était un ambitieux : il n’avait pas réussi, il était agité, frondeur, mécontent. Parmi les survivans du ministère secret de Louis XV, quelques-uns le connaissaient et le tenaient pour un génie méconnu. Dans les bureaux de la guerre, on le considérait comme un faiseur ; dans ceux des affaires étrangères, comme un homme à chimères et un agent dangereux. Il semblait destiné à ne laisser qu’une trace incertaine dans les chroniques du temps : en dépouillant les registres de la Correspondance secrète et les papiers du comte de Broglie, l’historien, rencontrant le nom de Dumouriez à côté de celui de Favier, l’homme de main à côté du théoricien, se serait peut-être intéressé à ces deux singuliers