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spéculateurs à la baisse s’est immédiatement formé pour exploiter ce revirement inattendu de situation, la résistance a été nulle et tout l’échafaudage de la dernière hausse a été démoli en quelques séances.

Des événemens qui ont bouleversé les calculs des haussiers, nous avons signalé ceux qui ont paru exercer l’action la plus directe sur les mouvemens des cours, le choléra et l’incident de Lang-son. Mais la tournure singulière prise par les affaires d’Egypte avait déjà causé de vives alarmes au public financier. On s’était ému des projets attribués au gouvernement anglais relativement à une réduction d’intérêt des titres de la Dette unifiée, ainsi que du mystère qui enveloppait les négociations engagées entre les cabinets de Londres et de Paris.

L’Unifiée d’Egypte a donc fléchi d’une dizaine de francs depuis le 15 courant. On peut s’étonner de la voir encore si ferme, alors que l’on connaît les points suivans du programme financier que lord Granville va soumettre aux représentans des puissances : 1° réduction des intérêts de la Dette unifiée à 3 1/2 pour 100 ; 2° réduction des intérêts de la Dette privilégiée à 4 1/2 pour 100 ; 3° réduction éventuelle de 1/2 pour 100 des intérêts de la Dette de la Daïra ; 4° suspension de l’amortissement tant de la Dette unifiée que de la dette privilégiée ! 5° emprunt de 8 millions de livres sterling garanti par le gouvernement britannique au gouvernement égyptien, avec priorité sur tous les emprunts existans.

Le public financier conserve l’espoir que le cabinet français s’opposera avec la plus vive énergie à l’adoption d’un programme qui consacrerait une violation si flagrante de la loi de liquidation.

Le 5 pour 100 Turc et les autres valeurs ottomanes ont baissé sur l’annonce que le sultan venait enfin d’apposer sa signature à l’iradé autorisant l’échange des titres pour l’unification de la dette. L’Extérieure d’Espagne a été entraînée dans le mouvement général de recul, et a perdu plus d’une unité. L’Italien avait été poussé à 97.50 ; il a reculé à 95 francs. Malgré le vote de confiance obtenu par M. Depretis, il devient de plus en plus improbable que le vote des conventions relatives aux chemins de fer puisse avoir lieu au cours de la session actuelle.

La cote des valeurs se négociant principalement au parquet fait ressortir pour la plupart des titres des écarts considérables en baisse entre les prix actuels et ceux du milieu du mois. Il faut se contenter de signaler les différences sans chercher à les expliquer par d’autres raisons que la mauvaise tenue générale du marché et l’empressement que la spéculation a mis à liquider tous ses engagemens. La Banque de France a perdu 170 francs, le Crédit foncier 36, la Banque de Paris 50, le Suez 105, le Lyon 30, l’Orléans 25, le Nord 32, le Midi 17, la