Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 64.djvu/135

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

encadremens surmontés de cartouches. Dans le cartouche de gauche est l’écu des Montmorency (d’or à la croix de gueules acompagnée de seize alérions d’azur), encadré du cordon de l’ordre de Saint-Michel ; enlacées de la cordelière de Saint-François, dans le cartouche de droite sont les armes de Savoie (écartelé au 1 et 4 de Savoye ; au 2 et 3 contr’ écartelé ; au 1 et 4 de gueules, à l’aigle éployé d’or, au 2 et 3 de gueules au chef d’or, de Lascaris). Ces deux armoiries sont couronnées du tortil de baron. Deux autres encadremens semblables, également accompagnés de pilastres et décorés d’attributs, sont réservés sur les parties latérales. Les quatre évangélistes, assis sur des nuées, sont sculptés en bas-reliefs dans ces encadremens : Saint Jean et Saint Luc sur le devant de l’autel, Saint Mathieu sur le côté gauche et Saint Marc sur le côté droit. La Religion portant une croix, la Foi tenant un cœur enflammé, la Justice s’appuyant sur la table des lois, se tiennent debout dans les entre-pilastres de la face principale. Un soubassement, placé en retraite de chaque côté, contient, en outre, quatre figures héraldiques, tenant de la main droite l’épée de France et de la gauche le bâton de grand-maître. Ce soubassement, qui forme comme un prolongement de l’autel, permet au retable de prendre une importance tout à fait monumentale. Le retable, en effet, s’élève sur toute la longueur de l’autel, doublée de la longueur des soubassemens. Il se compose d’une muraille de fond, en avant de laquelle quatre colonnes de marbre noir, à socles et à chapiteaux de pierre blanche, sont disposées deux à deux de chaque côté. Ces colonnes posent sur une base en saillie richement ornée, et soutiennent un entablement au centre duquel Dieu le Père porte le globe du monde. Des têtes de chérubins, alternant avec des rosaces, remplissent les métopes de la frise. L’espace central réservé au-dessous de l’entablement est occupé tout entier par un grand bas-relief de marbre, qu’entoure un encadrement de pierre finement ciselé. Ce bas-relief, qui surmonte l’autel dans toute sa longueur, représente le Sacrifice d’Abraham. Le patriarche, debout au centre du tableau, va immoler son fils unique agenouillé devant lui, quand l’ange, descendant du ciel, arrête le bras prêt a frapper. Deux statues, dérobées ou brisées à l’époque révolutionnaire, se trouvaient dans des niches ménagées entre les colonnes… Il y a un si parfait accord entre l’architecture et la sculpture de cet autel, qu’on n’a voulu voir en tout cela qu’une seule conception et que le travail d’une seule main. Cependant il y a la part de l’architecte et il y a celle du sculpteur, toutes deux distinctes l’une de l’autre, quoique parfaitement liées entre elles. Jean Bullant a construit cet autel, Jean Goujon en a sculpté les bas-reliefs.