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industrie, étaient tributaires des voies de communication et qu’un nombreux personnel relèverait directement de l’administration. Il proposa donc à la Société impériale privilégiée un traité analogue à celui qu’il avait conclu avec la Société générale des chemins de fer romains, offrant de lui racheter toutes celles de ses lignes qui étaient situées sur le territoire italien et de lui délivrer en paiement des rentes italiennes. Cette proposition fut acceptée en principe ; mais les conditions du rachat donnèrent lieu à de longues discussions, et l’accord ne fut consacré que le 17 novembre 1875 par une convention signée à Bâle. Il fallut ensuite régler, avec l’adhésion du gouvernement autrichien, les relations de service entre les lignes italiennes et leurs prolongemens sur le territoire de l’empire. Ce fut l’objet d’un acte additionnel signé à Vienne le 25 février 1876.

Le rachat des chemins de fer de l’Italie septentrionale, succédant au rachat des lignes romaines, devait naturellement suggérer l’idée de substituer à la convention d’exploitation signée avec la compagnie des chemins méridionaux un traité de rachat, afin de mettre dans les mains du gouvernement la totalité des lignes italiennes. Des négociations furent ouvertes en ce sens, et elles aboutirent, le 15 février 1876, à une convention nouvelle qui annula purement et simplement la convention du 22 avril 1874. Le gouvernement italien assumait en totalité l’actif et le passif de la Société des chemins de fer méridionaux et s’engageait à lui délivrer, en échange de chacune de ses actions, 25 francs de rente italienne, soit 4,983,500 francs pour les 199,340 actions en circulation. La charge totale assumée par l’état s’élevait à 26,422,905 francs ; elle lui permettait de réaliser une économie annuelle de plus de 1,100,000 fr. sur l’application des contrats avec la société ; et elle ne représenterait que 6.96 pour 100 des capitaux dépensés pour la construction des lignes et pour l’acquisition des matériaux de toute nature et des approvisionnemens qui devenaient la propriété du gouvernement. Dans les conditions déplorables où se trouvait le crédit de l’Italie, c’était assurément un marché des plus avantageux ; et la Société des chemins de fer méridionaux ne l’acceptait qu’à raison de l’appréhension qu’elle éprouvait de voir l’intérêt de ses actions disparaître graduellement par l’effet même du progrès continu de sa recette kilométrique. La nouvelle convention, pour devenir définitive,, devait être ratifiée par une loi dans un délai déterminé.

Dès le 9 mars 1876, le ministère présenta au parlement les projets de loi destinés à sanctionner la traité de Bâle avec l’acte additionnel de Vienne, et la convention de rachat qu’il venait de conclure avec la Société des chemins méridionaux. Aux termes du traité de Bâle, le gouvernement italien devait, le 1er juillet, prendre