Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 63.djvu/935

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sont pour nous d’une grande importance, en raison des bassins houillers qui les avoisinent. Ces deux baies, situées sur la côte nord-ouest, ont été visitées, en 1863, par M. Guillermin, ingénieur de la Compagnie de Madagascar. D’après lui, la position de la partie du bassin houiller, matériellement constatée, est comprise entre le cap Saint-Sébastien, situé par 12° 26’, et le cap Bernahomai par 13° 37’de latitude, La projection rectiligne des côtes est de 180 kilomètres entre ces deux points; leur développement est beaucoup plus considérable en suivant toutes les sinuosités des baies. Dans l’intérieur des terres, le terrain houiller paraît occuper, à peu de chose près, toute la profondeur de la grande terre jusqu’à la chaîne granitique ancienne qui forme l’axe de Madagascar. Il se peut qu’il existe, entre la chaîne centrale et le terrain houiller. des terrains de transition, ce qui limiterait à une moyenne de 40 kilomètres la largeur du bassin dans sa partie reconnue. La partie du bassin houiller recouverte par les eaux de la mer, depuis les côtes jusqu’à la ligne de soulèvement basaltique qui met au jour, sur les îles, des lambeaux de terrain houiller, est tout aussi considérable. Mais cette dernière partie ne peut être considérée comme utile. Sur la terre ferme, de nombreux massifs de roches éruptives diminuent la surface exploitable, non-seulement par l’espace qu’elles y occupent, mais surtout par l’action qu’elles ont eue sur les roches du terrain houiller et particulièrement sur la houille. Par ces considérations, la surface réellement utile, quoique fortement réduite, peut encore être évaluée à 3,000 kilomètres carrés, surface supérieure à celle de tous les bassins houillers de la France, qui n’est que de 2,800 kilomètres carrés. Cinq affleuremens de houille ont été trouvés sur les bords de la baie de Bavatoubé. La qualité de ces houilles offre à peu près toutes les variétés : houille riche, houille grasse ou houille à gaz. Analysés à l’École des mines à Paris, les échantillons ont donné des résultats satisfaisans[1].

Lorsque Madagascar sera devenu le trait d’union entre nos colonies de l’Indo-Chine et nos colonies africaines, de quelle utilité ne sera pas pour nous, pour nos flottes, cet inépuisable dépôt de charbon ! Placé tel qu’il est, entre Toulon et la mer des Indes, nous pourrions même un jour défier, grâce à lui, les ennemis qui nous fermeraient le canal de Suez. Cette considération seule nous oblige à ne jamais abandonner les baies de Passandava et de Bavatoubé. Il ne doit plus être question pour aucune des vingt-cinq tribus qui peuplent Madagascar de nous en déloger, et c’est pour cela encore

  1. Documens sur la Compagnie de Madagascar.