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FRANCE ET MADAGASCAR

Lorsque, à la fin du mois de mars, le gouvernement a dû répondre à une interpellation nouvelle au sujet de sa politique coloniale, c’est assurément dans le récent succès de nos armes au Tonkin qu’il a trouvé son meilleur argument. Sans l’entrée victorieuse de nos soldats à Sontay et à Bac-Ninh, nous douterions beaucoup que M. le président du conseil se fût permis de railler ses adversaires en insinuant qu’il ne rencontrait plus chez eux de contradicteurs, que ce n’était plus son esprit d’aventure que l’on dénonçait et critiquait, mais sa trop grande réserve dans une délicate et périlleuse question, celle de Madagascar. C’était de bonne guerre, et, en ce qui nous concerne, nous avons été heureux d’assister à une de ces séances si rares du Palais-Bourbon, où le patriotisme se montre plus fort que l’esprit de parti. Ce qui nous a encore frappé, c’est l’unanimité avec laquelle chacun a paru comprendre le besoin d’agir à Madagascar avec plus de vigueur qu’au Tonkin et avec autant de résolution qu’en Tunisie. Dans ces sortes d’affaires, l’effort doit être énergique, afin que le but soit promptement atteint. L’action est-elle menée rondement, ainsi qu’à Tunis, le succès couronne nos armes. Y a-t-il faiblesse et longueur, comme au Tonkin, le résultat se fait attendre et les sacrifices en hommes et en argent s’accumulent sans profit et sans gloire. Après Francis Garnier, c’est Henri Rivière, et tant d’autres braves gens avec eux !

Il y a de longues années que notre attention s’est fixée sur la grande île africaine. Quel corps d’armée ne formerait-on pas avec les soldats