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sommaire. A l’ornementation grossière, composée de lignes purement géométriques ou d’élémens inspirés par la flore et la faune marines, qui distingue les premiers essais des céramistes grecs, les influences orientales firent succéder un mode de décor moins rudimentaire et signalé, comme nous l’avons dit, par la présence de fleurs ou de feuillages imités de la flore exotique, bien reconnaissables encore, malgré les transformations dont ils avaient été déjà l’objet chez les peuples qui les avaient employés. Avec sa faculté d’appropriation et ce besoin d’unité qui marquent ses créations, l’art grec n’avait pas tardé à substituer graduellement à cette décoration orientale, qui procède par zones superposées, le système plus simple et mieux conçu d’une zone centrale agrandie et laissant ainsi toute son importance au sujet qui s’y trouve représenté. Grâce à cette heureuse modification, les épisodes les plus variés purent s’y développer librement dans des frises, où les personnages mêlés à la scène se succèdent, tracés sur un même plan, avec une facilité et une sûreté de main vraiment admirables. A côté de ces figures humaines ou divines, les traits empruntés à la nature pittoresque sont réduits à ce qui est strictement nécessaire pour caractériser ces figures: c’est le rameau de vigne de Bacchus, le laurier d’Apollon, l’olivier de Minerve, les pommes d’or des Hespérides, etc. Hans cet ordre de simplifications acceptées, un arbre tient lieu d’une forêt, une colonne représente un temple ou un palais ; des dauphins, des poissons ou quelques traits ondulés servent à désigner la mer ou le cours d’un fleuve. Le procédé sommaire de la décoration, la forme même des vases n’aurait pas permis d’ailleurs des indications plus complètes, et, en somme, quoique les conditions fussent différentes, la peinture des vases n’a guère été plus explicite que la sculpture des bas-reliefs à l’égard de la nature; elle s’est renfermée à peu près dans le même programme. Chez elle aussi tout reste subordonné à la figure humaine, à laquelle les artistes grecs entendent bien réserver toujours le principal rôle et la plus grande place.

Il semble que la première occasion qui se soit offerte à la peinture d’aborder la représentation du paysage lui ait été fournie par les décorations théâtrales. Sans doute, à l’origine, des conventions nombreuses réglaient l’organisation de la mise en scène chez les anciens. Quelques-unes de ces conventions naïves, que l’on retrouve à l’origine du théâtre moderne, ont même persisté pendant toute l’antiquité, et si le désir d’aider un peu à l’illusion dramatique a été, à un certain moment, une cause de progrès pour cet art de la mise en scène, ce serait une étrange erreur de penser que, même alors, il fût devenu l’objet de préoccupations bien raffinées. L’emploi de masques tragiques ou comiques qui ne laissaient