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« passagers, » auxquels on donnait à souper et qui n’avaient droit de séjour que pendant trois nuits. L’Intermédiaire (recueil bimensuel) a publié dans sa livraison du 25 mars dernier l’inscription intaillée sur la façade de la maison, qui existait encore au mois d’août 1813 :

L’HOSPITAL
DE SAINT ANASTAZ DIT SAINTS
GERVAIS OU LES PAUVRES ET
RANGERS EN PASSANT PAR
CET VILLE DE PARIS SONT
RESUS A LOGER ET COUCHER
POUR TROIS NUITS
LES PERSONNES CHARITABLES
POURON Y CONTRIBUER DE
LEURS AUMOSNES POUR AIDER
A Y SUBVENIR


Cet « hospital » était l’ancien hôtel d’O, que les Augustines avaient acheté en 1655 lorsqu’elles quittèrent la rue de la Tixeranderie ; il en reste quelques vestiges qui n’ont point été absorbés par le marché[1]. L’autre asile, situé à l’angle de la rue Saint-Denis et de la rue des Lombards, appartenant également aux religieuses de la règle augustine, était l’hôpital Sainte-Catherine, fondé en 1188, et avait primitivement porté le nom d’hôpital des Pauvres de Sainte-Opportune ; les sœurs étaient tenues, par vœu spécial, de donner la sépulture aux cadavres non réclamés exposés à la morgue du Châtelet, aux détenus morts en prison et d’accorder, pendant l’espace de trois jours, l’hospitalité à des femmes sans domicile, à la disposition desquelles on pouvait mettre soixante-neuf lits ; les « Catherinettes n’avaient qu’une seule et unique manse pour elles et pour les pauvres. » Le 18 ventôse an III, la maison des Catherinettes et celle des hospitalières de Saint-Gervais furent réunies à l’administration centrale des hôpitaux, qui ne rétablit pas « l’Hosptalité de nuit, » parce qu’on ne voulait pas « ouvrir un refuge à la paresse et au vagabondage. »

Les administrateurs du système hospitalier de Paris usaient de leur droit en ne réorganisant pas les asiles transitoires, surtout à un moment où l’état lamentable de nos hôpitaux réclamait tous leurs efforts. Gardiens et responsables du bien des pauvres, singulièrement diminué par la ruine de toutes les fortunes, la rareté du métal, la dépréciation des assignats, les confiscations, les disettes et

  1. Un décret du 21 mars 1813 prescrit l’établissement du marché des Blancs-Manteaux, qui ne fut inauguré que le 24 août 1819.