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Holme trouve la forêt remplie de petits oiseaux, et, quand il s’assied, Il en voit arriver à ses côtés ou se poser sur son chapeau. Partout, le voyageur, errant à travers les grands bois, s’arrête surpris par un chant incomparable ; c’est le tui, ainsi que le nomment les Maoris, une sorte d’étourneau dont le plumage est d’un vert métallique et chatoyant, avec des reflets d’un bleu pourpre aux épaules et aux pennes des ailes[1]. Sur ce riche vêtement, le tui porte une collerette ayant deux touffes blanches qui retombent sur la gorge; les premiers colons se plaisaient à comparer cette parure aux bandes blanches du rabat des chapelains. Un autre chant d’une puissance extraordinaire éclate dans les bois où le tui se manifeste dans sa gloire. D’un peu loin, une note se détache et retentit à l’oreille comme un coup de clochette : c’est la grosse fauvette au plumage vert olive, qui faisait les délices des navigateurs d’autrefois; c’est l’anthornis à queue noire[2], le mako des Maoris, l’oiseau clochette (Bell Bird) des colons anglais. Il y a seulement une trentaine d’années, sur les rives du Waïkato, de la Waïroa, de la Wanganui, dans chaque buisson frétillait l’oiseau clochette. De nos jours, il est extrêmement rare et l’on attribue sa disparition aux abeilles introduites par les Européens, qui, en butinant sur les fleurs, inquiètent l’oiseau méliphage. Avec plus de raison sans doute, on accuse les rats d’être les destructeurs des nids.

De temps à autre, une petite fauvette venant d’Australie[3] apparaît en troupes; tout à coup, elle abandonne le pays où elle semblait s’être établie par préférence. Un souvenir d’Europe s’éveille en apercevant sur les chemins et dans les prés une alouette. La pensée d’une terre étrangère revient lorsqu’on découvre un oiseau d’un type tout spécial, n’ayant de ressemblance étroite avec aucune autre forme connue[4]. Les rapaces ne sont pas nombreux; on observe un petit faucon, maintenant d’une certaine rareté; on voit assez fréquemment dans les plaines un aigle de marais qui construit son nid sur le sol, au bord des eaux et fait une chasse active aux animaux de basse-cour[5]. Dans les lieux solitaires, on remarque des chouettes peu différentes de celles d’Europe et l’on en distingue deux espèces.

Charmant et d’un intérêt exceptionnel est le groupe des perroquets de la Nouvelle-Zélande. Voici des perruches aux formes élégantes, aux fraîches teintes vertes, rehaussées de bleu, de rouge ou de jaune. Elles sont d’un genre dont les représentans sont disséminés

  1. Prosthemadera Novos-Zelandiœ.
  2. Anthornis melanura.
  3. Zosterops lateralis.
  4. Heteralocha acutirostris.
  5. Circus Gouldii répandu en Australie et dans les archipels de la Polynésie.