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observe sont de gracieux lézards du type des geckos ou du groupe des scinques.

À la Nouvelle-Zélande, il n’existe point de mammifères terrestres. On parlait autrefois d’une sorte de rat qui, à défaut d’autre gibier, faisait les délices des habitans. Le petit rat indigène a disparu ; les gros rats noirs et les surmulots que les navires ont amenés d’Europe l’ont exterminé. Des Maoris signalaient un animal d’assez forte taille qui se tenait dans certains lacs ; à la description, on crut reconnaître une loutre. Il y a une quinzaine d’années, M. Julius Haast, naturaliste distingué, résidant à Canterbury, assurait avoir aperçu une loutre au pelage brun dans les lacs et les rivières de l’île du Sud ; il l’avait observée en particulier dans le cours supérieur de la rivière Ashburton, à 1,000 ou 1,200 mètres au-dessus du niveau de la mer. L’existence d’un mammifère de ce genre est demeurée absolument problématique.

Sur terre, retirées le jour dans les trous des rochers, le soir sillonnant l’air d’un vol rapide, se rencontrent seulement deux petites espèces de chauves-souris. Les autres mammifères appartiennent au monde marin ; ce sont les phoques et les otaries. Longtemps les pauvres bêtes avaient vécu et multiplié dans une paix profonde ; elles étaient dans une abondance extraordinaire au fond de toutes les criques et autour des îlots. Du pont du navire qui passait à peu de distante des rivages, c’était parfois un spectacle curieux et amusant ; on voyait les fameux amphibies tantôt se précipiter à l’envi sur des poissons, où se livrer dans l’eau à tous les jeux, à tous les ébats imaginables, tantôt se reposer ou dormir sur les grèves et au milieu des taillis dans les clairières. À la fin du siècle dernier et au commencement du siècle actuel, lorsque les bateaux de pêche de l’Angleterre et des États-Unis vinrent opérer dans la mer du Sud on en fit un effroyable carnage ; à chaque campagne, on les tuait par milliers. À l’heure présente, ces grands mammifères marins sont devenus si rares, qu’on présage leur extinction dans un avenir peu éloigné. Des baleines d’espèces distinctes de celles de l’hémisphère boréal erraient en nombre dans les eaux de la Nouvelle-Zélande, et les maîtres de pêche faisaient vite fortune ; ils ont à peu près anéanti les baleines. Des dauphins semblent maintenant représenter seuls en ces parages les mammifères qui ont le même séjour que les poissons.

En approchant des côtes ou des petites îles qui en sont plus ou moins voisines, principalement sous les plus hautes latitudes, l’intérêt d’un observateur est tenu en éveil par la foule des oiseaux de mer. Nulles créatures ne paraissent au même degré en possession de la vie, tant elles s’agitent, tant elles étonnent par l’agilité, l’énergie, la rapidité de leurs mouvemens, tant elles font vibrer l’air de leurs