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d’Auckland est une des plus remarquables contrées volcaniques du globe. Dans un rayon d’une dizaine de milles, on n’a pas reconnu moins de soixante cratères de proportions inégales. A Orana, près la baie des Iles, un cratère immense domine la campagne environnante. Au sommet, une sorte de bassin semble avoir été le principal centre d’éruption. Ce foyer ayant disparu, sur les côtés s’ouvrirent des bouches de moindre dimension qui, pendant un certain temps, furent plus ou moins actives. Peu à peu, elles se remplirent d’eau et ainsi se formèrent des étangs d’où partent des ruisseaux. Tout paraît éteint en ces lieux ; néanmoins, par des fissures, s’échappent encore des gaz qui rendent l’eau de quelques mares presque bouillante. Aux alentours, les boues autrefois rejetées par les cratères ont fait le sol fertile et une magnifique végétation s’est établie sur les pentes que brûlaient à une autre époque les laves incandescentes.

Dans la même province, on cite à Pakaraka un singulier cône aux flancs vitrifiés d’une hauteur de plus de 100 mètres, et près du fameux lac Mapere, la colline de Potaï, entièrement formée par les dépôts des sources qui existèrent en cet endroit. Sur une vaste étendue de pays, les actions ignées ont laissé des traces profondes, et ces actions s’exercent encore sur quelques points. Dans la baie d’Abondance, l’île Blanche, la Wakarari des indigènes, rejette sans cesse des vapeurs sulfureuses et de l’eau presque au degré d’ébullition. Tout auprès, le Montohora, cratère sortant de la mer, lance une épaisse fumée qu’on aperçoit de la pleine mer. De l’île Blanche à Rotorua et de là par le Taupo et le Tongariro jusqu’à Wanganui, c’est à travers l’île entière, une ligne continue où abondent les solfatares, les jets d’eau bouillante, les éruptions de matières boueuses, autant de spectacles qui ne manquent jamais d’exciter la curiosité des voyageurs. A Orœkokorako, sur la rivière Waïkato, les sources jaillissantes d’eau chaude sont en quantité prodigieuse; quelques-unes montant à une hauteur considérable, on se croirait au milieu des geysers de l’Islande. En ce lieu où des accidens sont toujours à craindre, se trouve un village. On s’étonne d’un pareil choix, mais les habitans vous apprendront de quel avantage ils jouissent. Pour les usages ordinaires de la vie, le feu est inutile ; on n’est donc pas obligé d’aller plus ou moins loin et avec grande fatigue chercher du bois. Enfin, dans la province de Wellington, se dresse une montagne haute de plus de 2,000 mètres ; c’est le dernier des grands volcans de la Nouvelle-Zélande qui demeure en pleine activité, le Tongariro.

Dans une région où se sont exercées de puissantes actions volcaniques, où d’énormes soulèvemens se sont effectués, certaines dépressions ont formé des bassins capables de retenir les eaux ; ainsi ont