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sa manière selon les types; il a peint avec beaucoup de souplesse les méplats jeunes du modèle. L’état-major général est représenté par les portraits des généraux de Colomb et de Clermont-Tonnerre, dus à MM. Lagier et Maillart, et par celui du général Pittié. On ne dira pas que le général Pittié a posé devant M. Gabriel Ferrier. M. Ferrier l’a vu un jour dans son cabinet de travail, appuyé contre une table surchargée de papiers, lisant la carte du Tonkin, où sans doute il eût été heureux de conduire une division, et, de retour à l’atelier, le peintre l’a transporté tout vif sur la toile. Le général, dont la physionomie aimable et fine est très bien rendue, est en grande tenue de service, sabre au flanc et aiguillettes à l’épaule. M. Gabriel Ferrier a obtenu le coloris avec l’uniforme, ce qui, paraît-il, n’est pas chose aisée. Voyez, en effet, dans quelle gamme sourde ou tout à fait discordante on peint les portraits militaires. Il semblerait que les dolmans soutachés, les culottes rouges, les épaulettes, les plaques et les rubans d’ordres offrent plus de ressources au peintre que l’éternelle redingote noire ; l’exemple prouve le contraire. Sur cinquante beaux portraits d’hommes que l’on peut se rappeler, tous sont en costume civil; un seul est en uniforme : celui du général de Galliffet, par M. Bekker. Nous ne nous chargeons point d’expliquer ce phénomène du Cedant arma togœ dans la peinture iconique.

C’est l’Aurore aux doigts de roses que l’éclatant portrait de Mlle L... M. Chaplin s’est abandonné sans réserve à la charmante harmonie du blanc et du rose, aux accords lumineux des satins et des chairs. Corsage, jupe, fond, teint, tout est rose; seule la chevelure brune de la jeune fille rappelle que tout n’est pas rose dans la nature. La tête a une suave expression virginale, et l’exécution est large, légère, libre, enlevée. Dans l’autre portrait de M. Chaplin, on retrouve le même satinage des carnations et des étoffes, mais le rose s’y change en azur ; c’est encore une couleur de l’Aurore. La figure, plus nettement formulée, se dessine en lignes élégantes.

Est-ce un portrait? est-ce un tableau que nous présente Mme Fanny Fleury? Assise près d’un berceau, une jeune femme, vêtue d’une robe de velours bleu, tient sur ses genoux son enfant endormi ; la tête blonde repose sur son sein et les petites jambes nues tombent sur ses genoux. Le visage de la mère, caressé de douces demi-teintes, est traité avec beaucoup de morbidesse. Jolie comme elle l’est, pleine de vénusté, il y a mérite à cette jeune femme de garder ainsi la maison. C’est une bonne mère ; elle, serait digne d’avoir les amours d’enfans de M. Lobrichon, qui jouent nus dans un cadre de fleurs, ou les trois charmans bébés, nichés dans le fond d’un fauteuil par M. Guillaume Dubufe, Des enfans, M. Pelez en a placé