de définitions de ce genre. La république sera conservatrice ou elle ne sera pas ! La république sera socialiste ou elle ne sera pas ! La république sera naturaliste ou elle ne sera pas ! M. Jules Ferry, dans sa définition particulière, oublie qu’il est l’imitateur de Napoléon III, en personne, qui le premier a parlé de fonder « l’empire des paysans. », M. le président du conseil, en transposant le mot au ton républicain, ne lui a pas donné plus de sens. Que peut bien être en effet, si ce n’est pas un mot prétentieux et vain, cette république des paysans que M. le président du conseil est allé annoncer l’autre jour en province, à la veille des élections municipales ? Assurément les paysans forment une masse solide, active, laborieuse ; ils sont aussi le nombre. Ils ne sont cependant qu’une partie du pays, et c’est une étrange idée de prétendre faire d’un gouvernement, d’un régime politique, l’émanation, le monopole d’une partie du pays. Pourquoi pas aussi la république des prolétaires selon les socialistes, la république des instituteurs selon M. Paul Bert, la république de chaque classe de la population, — comme si la république ne devait pas être avant tout le gouvernement de tout le monde, de la France elle-même ? Sait-on le meilleur moyen d’accréditer la république auprès des paysans ? C’est de leur assurer la paix, la tranquillité, d’alléger leurs charges au lieu de les aggraver sans cesse par des profusions de traitemens et de pensions, de ne point accabler leurs communes de surimpositions croissantes pour des écoles qu’ils trouveraient aussi bonnes si elles étaient moins coûteuses, de ménager des débouchés aux produits de leur travail. Donnez-leur des lois équitables et tolérantes, une administration attentive à s’occuper de leurs intérêts, qui se confondent avec les intérêts de tous, une politique qui ne les tourmente pas de vexations et de délations : c’est la seule république qu’ils demandent. M. le président du conseil a cru sans doute habile d’émoustiller les paysans au moment des élections municipales ; il n’a trouvé rien de mieux que de leur promettre une république à eux, s’ils votaient bien, — et voilà comment, par de faux calculs, pour capter une popularité banale, on laisse parfois échapper des mots qui n’ont aucun sens ou qui ne sont qu’un appel aux passions les plus subalternes, aux plus dangereux antagonismes de classes au sein de la société française.
Les affaires d’Egypte sont décidément une terrible épine pour l’Angleterre, qui ne sait plus comment s’en délivrer. Tout est embarras ou mécompte, et ce qu’il y a de caractéristique, c’est que plus on multiplie les explications, moins on voit clair ; plus on s’épuise en délibérations, à la recherche d’un expédient, moins on semble toucher à la solution, qui fuit toujours. Il y a visiblement dans ces affaires du Nil quelque chose qu’on n’avait pas prévu, qui déconcerte la politique anglaise. Le ministère, après avoir laissé tout s’aggraver par ses tergiversations, par une conduite équivoque, semble plus que jamais