S’il est téméraire d’affirmer que les modernes soient supérieurs aux anciens dans la littérature et dans l’art, le progrès dans les sciences positives ne semble pouvoir être raisonnablement mis en doute. Là les observations exactes, les expériences décisives s’accumulent, les lois se dégagent comme d’elles-mêmes et les vérités conquises de siècle en siècle forment un héritage incessamment agrandi, de telle sorte que les derniers venus trouvent dans ce capital intellectuel, intégralement transmis par les générations précédentes, l’instrument créateur de richesses illimitées. À quoi bon dès lors curieusement étudier les ouvrages scientifiques des anciens ? Quel profit espérer d’une Histoire naturelle écrite, il y a plus de deux mille ans, par un Grec de Stagyre ? Et pourtant, en lisant l’Histoire des animaux d’Aristote dans la belle traduction de M. Barthélémy Saint-Hilaire, qui ne croirait avoir affaire à un moderne ? L’étonnement va croissant à la lecture de la magistrale introduction où l’éminent traducteur compare Aristote à ses devanciers et montre de quel néant est sortie cette œuvre au pied de laquelle Buffon, Cuvier, Geoffroy Saint-Hilaire et, plus récemment, Carus, Gegen-