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contraste avec le caractère si peu favorable des nouvelles transmises du Caire, est dû à la conviction des porteurs de titres que tôt ou tard le cabinet anglais devra se résigner à proclamer le protectorat de la Grande-Bretagne sur l’Egypte. En attendant, les difficultés financières de ce pays s’aggravent chaque jour et exigent une prompte solution. Les ministres anglais ont déclaré au parlement qu’ils s’occupaient de la question. Ce n’est un secret pour personne que M. Gladstone voudrait résoudre le problème par un remaniement de la loi de liquidation. Mais les puissances garantes de cette loi ne consentiront à ce remaniement que si l’Angleterre assume la responsabilité de la dette égyptienne. La question la plus pressante est celle de l’emprunt à conclure pour le paiement des indemnités et pour le règlement de la dette flottante. Le cabinet anglais espère obtenir des créanciers de l’Egypte une renonciation au mode d’amortissement par rachat. Le fonds d’amortissement servirait, en tout ou en partie, à gager le nouvel emprunt.

Les sociétés de crédit ont donné lieu à des transactions beaucoup plus actives que par le passé. Le Crédit foncier a monté de 35 francs. La hausse continue des valeurs espagnoles et l’amélioration si rapide des titres ottomans n’ont été ni l’une ni l’autre étrangères à la vivacité avec laquelle les acheteurs ont recherché la Banque de Paris jusqu’à 915 francs. Le Crédit lyonnais a gagné 30 francs, d’une part à cause du succès qu’il a obtenu dans son émission d’obligations du Gaz de Madrid, de l’autre, parce que l’on sait que cet établissement a en portefeuille un stock de valeurs turques figurant pour 1 franc dans ses comptes. La Banque d’escompte commence, de son côté, à profiter des bénéfices qu’a dû lui procurer l’amélioration considérable des cours du 5 0/0 italien.

Les actions des Chemins français ont été tenues avec fermeté, mais la spéculation a cessé provisoirement de les pousser, à cause des diminutions que présentent les relevés hebdomadaires des recettes. Les valeurs de la compagnie de Suez sont encore comprimées par le découvert qui s’est formé ces derniers mois. Mais déjà, depuis deux jours, l’action a passé de 2,000 à 2,030 francs.

Plusieurs sociétés ont réuni pendant ces derniers quinze jours leurs actionnaires en assemblée générale pour leur soumettre les résultats de l’exercice 1882. Voici les noms de ces sociétés avec le montant des dividendes proposés et votés: Société générale, 12 fr. 60; Omnibus de Paris, 55 francs; chemin de fer d’Orléans, 57 fr. 50; Banque transatlantique, 7 francs; Compagnie parisienne du Gaz, 68 francs; Immeubles de France, 20 francs; Chemin de fer de l’Ouest, 37 francs; Crédit foncier, 60 francs; Société lyonnaise de dépôts, 11 fr. 50; Compagnie foncière de France, 16 francs; Crédit industriel et commercial, 18 fr. 35 ; Rente foncière, 20 francs.


Le directeur-gérant : C. BULOZ.