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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 avril.

Et maintenant nos législateurs sont partis, désertant le Palais-Bourbon et le Luxembourg, jusqu’au 20 mai. Ils se sont généreusement accordé six semaines de repos et de distraction après trois mois de travaux parlementaires qui n’auront, nous le craignons, qu’une médiocre place dans l’histoire. Si, comme on le leur a conseillé, ils profitent de ces vacances de printemps pour aller rendre compte de leur mandat devant ceux qui les ont élus, ils pourront faire de longs discours; ils auront de la peine à déguiser l’indigence de leurs œuvres, à montrer ce qu’ils ont fait réellement pour le bien du pays, pour l’avantage même de ces institutions qu’ils se donnent la mission particulière de défendre et au besoin de desservir. Ce n’est point que cette session d’hiver, avec laquelle on avait hâte d’en finir, n’ait été occupée, en apparence, et parfois même assez bruyante. Il n’est pas une question qui n’ait été soulevée, mise en commission, ou discutée, depuis les lois scolaires jusqu’aux lois municipales, depuis les lois militaires jusqu’à cette révision de la constitution, qui n’a fait, il est vrai, qu’une courte apparition, dont M. le président du conseil a eu la libérale complaisance de nous promettre l’agrément pour cet été. Tout réformer, toucher à tout, c’est la tradition dite républicaine, c’est le mot d’ordre auquel on n’a pas manqué. Arriver à un résultat, à quelque chose de sérieux et d’utile, c’est une autre affaire; on n’y est pas arrivé, parce que, dans toutes ces œuvres de la session d’hiver comme dans la plupart des œuvres des sessions qui se sont succédé depuis quelques années, il y a un mal invétéré et peut-être incurable dont ne s’aperçoivent même pas ceux qui en sont atteints, ceux qui le mettent dans tout ce qu’ils font.