le prince de Joinville, dernier fils du Balafré, se fut imaginé, dans un accès de dépit amoureux, de signer un traité fort compromettant avec l’Espagne, Henri IV jugea bon de lui pardonner avec éclat, en mandant sa mère et son frère: « Voici, leur dit-il, le vray enfant prodigue, qui s’est imaginé de belles folies; mais comme pleines d’enfance et de nivelleries, je luy pardonne pour l’amour de vous; mais c’est à condition que vous le chapitrerez bien... et que vous, mon nepveu (le duc de Guise) en respondrez à l’advenir, car je vous le baille en garde, afin de le faire sage s’il y a moyen. » Guise n’oublia pas ce dernier trait de la clémence ou de la politique royale et fut fidèle au roi, même quand il ne put plus rien attendre de lui : après la mort de Henri IV, il alla chercher Sully, et le conduisit à la reine mère.
Lorsque Henri IV tendit la main à Mayenne, l’ancien « lieutenant-général de l’estat et couronne de France, » qui lui avait disputé plus de six ans le sol de son royaume, « l’indignation » de ses conseillers fut au comble. Cette fois le parlement perdit patience, suscita toutes les difficultés possibles, et ne céda qu’à des lettres de jussion réitérées. De Thou ne tarit pas en lamentations. A vrai dire, si l’on avait refusé net à Mayenne le gouvernement héréditaire de la Bourgogne, on lui donnait, outre 3,580,000 livres, trois places de sûreté pour six ans, le gouvernement de l’Ile-de-France moins Paris, la pairie pour son fils, etc. C’était beaucoup, eu égard au petit nombre de villes que le prince lorrain détenait encore; ce n’était pas trop parce qu’on portait le coup de grâce à la ligue, dont les derniers tronçons allaient être aisément détruits. La paix n’eût été complète, lit-on dans le préambule des articles accordés à Mayenne, « si notre cher et très aimé cousin,.. chef de son party, n’eust suivi le mesme chemin : comme il s’est résolu de faire si tost qu’il a vu que nostre sainct père avoist approuvé nostre reunion. Ce qui nous a mieux faict sentir qu’auparavant de ses actions, recevoir et prendre en bonne part ce qu’il nous a remonstré du zèle qu’il a eu à la religion; louer et estimer l’affection qu’il a monstrée à conserver le royaume en son entier. Duquel il n’a faict ny souffert le démembrement, lorsque la prospérité de ses affaires sembloit luy en donner quelque moyen. » On ne pouvait pas l’excuser avec plus de grâce de s’être soumis si tard ni le glorifier plus habilement d’avoir préféré son propre intérêt à celui de l’Espagne. Il est digne de remarquer que ce grand rebelle devint, à son tour, un sujet docile. Il rendit les plus grands services au siège d’Amiens, y empêcha beaucoup de fautes et décida soit par ses avis, soit par ses manœuvres l’heureuse issue de plusieurs engagemens. Il s’était associé si étroitement à la politique royale que, même en 1611, il détermina le conseil de régence à secourir