cet édit a comme très utile à présent au repos de son royaume. » Bref, il vint à bout des parlemens.
Mais les seigneurs calvinistes, qui prétendaient rester les chefs d’un parti politique, ne désarmèrent pas, et comme, à cette époque, Henri IV était serré de près par Philippe II, ils profitèrent de ses embarras sans le moindre scrupule. L’assemblée de Saumur repoussa décidément l’édit qu’il venait de faire enregistrer à Paris avec tant de peine et choisit le moment où les Espagnols, après la prise du Catelet et la défaite de Dourlens, assiégeaient Cambrai, pour lui envoyer des députés chargés de poser les conditions les plus dures. Il leur fit une réponse dilatoire. Cependant l’assemblée générale réunie à Loudun, en avril 1596, s’obstina d’autant plus dans ses résolutions que le péril public croissait d’heure en heure : les Espagnols enlevaient Ardres et Calais, pendant que l’armée royale s’épuisait au siège de La Fère. Le calviniste Vulson porta les mêmes conditions au roi, qui enjoignit à l’assemblée de se dissoudre. Les chefs calvinistes perdurent alors toute mesure et se préparèrent, suivant l’expression de Duplessis-Mornay, à « passer fort gaiement le Rubicon. » Non-seulement ils ne se séparèrent pas, mais ils commencèrent à s’arroger le droit de saisir à leur convenance les deniers royaux, en pleine guerre contre le principal ennemi de la réforme et dans un moment où le roi, leur maître et leur défenseur, ne parvenait pas à solder ses troupes. Bien plus, ut regiœ vires maxime debililarentur, comme l’écrivit de Thou, La Trémoille et Bouillon quittèrent le camp de La Fère ! Henri plia, rétracta ses ordres, se résigna, puisqu’il le fallait, à traiter de puissance à puissance, envoya des députés à Loudun, les chargea de faire entendre aux calvinistes, qu’il y avait dans leurs plaintes « plus de faction que de religion. » L’assemblée fut inexorable et généralisa la saisie des deniers publics. À ce moment, une insurrection calviniste semblait imminente, et pourtant la pairie française était en danger; Amiens venait de tomber aux mains des Espagnols. Henri disait bien haut qu’il fallait « ravoir cette ville ou mourir; » mais il n’avait, pour l’assiéger, que des troupes dépourvues de pain, de munitions et de canons : il envoya d’autres députés à l’assemblée générale, alors transférée à Saumur. Celle-ci répondit froidement que les nouvelles propositions étaient « totalement éloignées des choses nécessaires aux églises » et continua de faire main basse sur les produits des taxes ou du domaine. La Trémoille, à la tête de troupes mises sur pied en Poitou, refusa de se rendre en Picardie. Bouillon, à la tête de soldats levés dans le Limousin aux dépens du roi, partit pour l’Auvergne et le Gévaudan. Enfin Polignac de Saint-Germain fut envoyé en Angleterre pour supplier Elisabeth d’opérer une diversion au profit des réformés, tout au moins de faire entendre