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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 mars.

La vérité peut échapper quelquefois dans un mot. Un député morose et frondeur, républicain de profession, disait récemment qu’à l’heure présente, sous le règne de la république, on ne fait rien de bon parce qu’on manque de méthode. C’est possible, on s’en douterait presque à voir de quelle façon marchent tous ces débats, ces travaux de parlement, ces lois, ces enquêtes qui vont au hasard, qui se déroulent à travers les contradictions et les incohérences pour n’aboutir qu’à de médiocres résultats. Ce n’est point d’aujourd’hui sans doute que le mal existe, il s’est déclaré il y a quelques années déjà; depuis le commencement de la session, il faut convenir qu’il est en progrès, en pleine recrudescence, que gouvernement et parlement semblent n’avoir d’autre souci que d’ajouter à la confusion avec leurs projets décousus et leurs œuvres sans autorité comme sans avenir. On ne fait rien de bon parce qu’on manque de méthode, et on manque de méthode parce qu’on n’a plus vraiment le sentiment juste des conditions de la politique, parce qu’on croit qu’il suffit de mettre partout les passions, les préjugés de parti, parce qu’on se figure qu’avec toutes les idées de désordre et d’anarchie qui ont traîné dans ce siècle, qu’une majorité vulgaire a ramassées pour son usage, on peut faire un ordre quelconque.

Oui, certes, on manque de méthode, — et on manque aussi de bon sens, de prévoyance, de raison politique, de lumières, même assez souvent d’esprit; bref, on manque à peu près de tout ce qui serait nécessaire pour créer une situation où un pays pourrait se reposer avec quelque confiance. Quel est l’unique et inévitable résultat de ce genre de