Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 62.djvu/483

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du général Graham, mais à tout un ensemble d’opérations laborieuses, difficiles, et l’Angleterre a toujours devant elle une œuvre politique autant que militaire. Cette œuvre, aggravée peut-être d’avance par bien des hésitations, le ministère anglais n’est sûrement pas près de l’avoir accomplie, et tandis qu’il en est encore aux débuts de cette nouvelle campagne, il poursuit d’un autre côté sans interruption le travail de réformes intérieures qu’il a entrepris. La question de la réforme électorale vient de faire son entrée dans la chambre des communes par un projet ministériel et par un discours de M. Gladstone. Ce n’est encore, il est vrai, qu’un projet partiel. Il ne s’agit aujourd’hui que de l’extension du droit de suffrage ; un nouveau bill modifiera le système des circonscriptions électorales. Telle qu’elle est, cette réforme est assurément une œuvre hardie ; elle ajoute deux millions d’électeurs aux deux millions cinq cent mille qui existent déjà. Ce qu’il y a de grave pour le ministère, c’est qu’il n’a pas seulement contre lui ses adversaires naturels, les conservateurs, conduits par sir Stafford Northcote ; il a d’autres adversaires, des libéraux, M. Goschen lui-même, qui a déjà pris position contre le bill. La réforme triomphera-t-elle définitivement ? La question peut être décisive pour l’avenir de l’Angleterre et de ses institutions.


CH. DE MAZADE.


LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

La première quinzaine de mars a vu se produire une hausse importante de presque tous les fonds d’état européens, accompagnée d’un mouvement analogue sur la plupart des bonnes valeurs étrangères et sur les actions de nos grandes compagnies de chemins de fer. C’est un fait notoire aujourd’hui que les agissemens aventureux par lesquels les finances de la France ont été amenées au point où nous les voyons ont ébranlé la confiance dans la solidité de notre crédit national et déterminé un courant d’émigration des capitaux français vers les placemens étrangers.