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parallèlement à ceux des entreprises de chemins de fer, qui contribuent pour une large part à cette amélioration de l’Orient, objet de nos recherches et de nos préoccupations.


III

Nous n’avons mentionné jusqu’ici que les moyens matériels, pour ainsi dire, qui doivent ouvrir l’empire d’Orient à la civilisation européenne, et, parmi ceux-ci, les routes de terre et de mer, les chemins de fer principalement. Or on peut chercher d’autres voies non moins fécondes ; de nouveaux rapports tout aussi étroits peuvent être créés pour arriver au même but, et, tout en restant sur le terrain des intérêts positifs, certaines entreprises qui se fondent, nécessaires même au succès des chemins de fer à créer, doivent en outre avancer plus que tout autre mode de propagande l’œuvre du progrès à obtenir. Nous voulons parler des sociétés financières formées depuis quelques années en Turquie, sous l’égide, non pas seulement du capital européen, mais surtout avec la protection et l’initiative d’hommes rompus aux grandes affaires, connus sur toutes les places de l’Occident pour leur aptitude supérieure et leurs richesses.

En parlant de cette intervention de l’argent occidental sur le marché de Constantinople, il n’est point question des prêts que l’Europe depuis trop longtemps ne cessait de consentir au gouvernement ottoman pour ses dépenses militaires, ses prodigalités ruineuses, le luxe de ses souverains, prêts qu’on a toujours vus se résoudre en vexations intolérables envers les malheureux sujets, en fortunes improvisées en faveur des courtisans du maître, en banqueroutes à l’égard du public étranger, et dont quelques spéculateurs avisés ont seuls tiré parti. Les finances ottomanes ont été l’objet de nombreuses études où la lumière a été faite sur tous ces points. Nous voulons seulement parler de la création récente de sociétés nouvelles qui, au profit de tous, avec un cachet plus ou moins officiel, ont plus fait pour la conquête de l’Orient qu’aucune puissance européenne et collaboré ainsi à l’œuvre des chemins de fer. En tête de ces sociétés financières nous citerons la Banque ottomane.

Elle s’est reconstituée sous sa forme actuelle, en 1874, au capital de 250 millions de francs, dont la moitié versée, pour suivre toutes affaires rentrant dans les opérations d’une institution de banque, et en outre pour exploiter certains privilèges. Elle a le droit exclusif d’émettre des billets au porteur remboursables à vue et ayant cours légal. Comme trésorier-payeur-général de l’empire, elle jouit de la manutention générale des fonds du trésor impérial, et à cet effet touche une commission sur les sommes encaissées et payées. Elle