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MŒURS FINANCIERES
DE LA FRANCE

LE CHEMIN DE CONSTANTINOPLE

Quelle est la voie la plus courte, la plus favorable aux intérêts politiques, aux opérations commerciales, aux échanges de peuple à peuple, qui conduise du milieu et de l’occident de l’Europe à la capitale de la Turquie, à cette ville que tant d’ambitions opposées se disputent et dont on prévoit, dans un avenir prochain, la conquête, ou du moins la transformation ? En quoi ce grave problème depuis tant d’années soulevé et dont la solution suscite tant de controverses, se relie-t-il à l’étude en apparence si étrangère de nos mœurs financières et quel rapprochement pouvons-nous faire entre les deux ?

Il fut un temps, sans remonter à l’âge héroïque des croisades, où d’autres préoccupations que celles des intérêts matériels passionnaient les esprits. A coup sûr, dans le dernier siècle et la première moitié de celui-ci, nul n’était indifférent au soin de sa fortune et ne négligeait absolument les moyens de l’améliorer, mais que d’autres amours faisaient battre les cœurs, que d’autres ambitions armaient les bras ! Étaient-elles plus hautes et avons-nous dégénéré ? Nous avons suivi les lois naturelles, et les faits ont développé leurs conséquences. Après avoir lutté pour les droits du citoyen, pour l’égalité politique et sociale, nous travaillons aujourd’hui à l’exploitation des