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Haarlem et Leyde réclament la conservation des privilèges des villes et demandent que le choix, des magistrats municipaux continue d’appartenir aux conseils. Leyde représente en outre que les états de Hollande ne doivent pas précipiter leur résolution, sans s’être entendus préalablement avec les états-généraux, qui, par l’acte d’harmonie, avaient déclaré incompatibles les deux charges de stathouder et de capitaine-général. Mais les députés d’Amsterdam, au nom desquels André de Graef prend la parole, se prononcent contre toute restriction et tout ajournement. Ils font observer qu’il ne faut rien faire à demi si l’on veut donner satisfaction au peuple et ajoutent que le moindre délai met en péril l’indépendance du pays. « La personne du prince d’Orange, déclare l’un de leurs bourgmestres, vaut bien une armée de vingt mille hommes. » Ils résument leur avis dans ces mots laconiques : « Hodie constat, hodie agatur (Aujourd’hui, on est d’accord, c’est aujourd’hui qu’il faut agir). »

Malgré ces pressantes instances, les députés de plusieurs villes, entre autres ceux de Gouda, se montrent indécis, et quelques-uns, tels que ceux d’Alkmaar et de Purmerende, refusent péremptoirement de laisser le prince d’Orange maître des magistratures municipales. D’ailleurs, cette nomination des régens n’étant pas comprise de plein droit dans les attributions légales du stathouder et ne pouvant lui appartenir sans une résolution spéciale des états, les députés, pour se mettre d’accord, prennent le parti de considérer cette, extension de ses pouvoirs comme une question réservée. Le stathoudérat était ainsi rétabli sans que les libertés des villes fussent sacrifiées. Les députés qui représentaient le parti républicain pouvaient dès lors se flatter d’avoir à la dernière heure obtenu une transaction qui les mettait à l’abri d’une trop grande dépendance. Sauf la prérogative du choix des régens, les états reconnaissaient d’ailleurs au nouveau stathouder toutes les dignités qui avaient appartenu à ses ancêtres. La résolution qui rétablissait en sa faveur le stathoudérat le mettait en même temps pour sa vie en possession de la charge de capitaine et amiral-général de la province. Les états décidèrent qu’une députation, qui comprenait l’un des membres de la noblesse et les bourgmestres des villes de la province, lui serait envoyée pour lui offrir la première magistrature du pays, en même temps que pour le dispenser du serment par lequel il s’était engagé à la refuser. Le lundi 4 juillet 1672, à quatre heures du matin, la résolution de l’assemblée était enregistrée comme un vote définitif, aux termes de laquelle le prince d’Orange, qui n’avait pas encore vingt-deux ans accomplis, fut proclamé, sous le nom de Guillaume III, stathouder, capitaine et amiral-général de Hollande.

Deux jours auparavant, les états de Zélande, dominés par la