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continuerait à être exécuté, et ils défendaient « d’exposer, de livrer, ni recevoir des espèces de la nouvelle refonte ordonnée par l’édit non enregistré, et à tous payeurs de faire aucun paiement en autres espèces que celles ayant cours conformément à l’édit de 1715. » C’était évidemment s’immiscer directement dans l’administration active des finances, et cette usurpation de pouvoir fut réprimée le jour même par un arrêt du conseil, qui casse l’arrêt du parlement et ordonne que l’édit de mai 1718 sera exécuté. De nouvelles remontrances, présentées le 27 juin et le 27 juillet, furent encore repoussées avec hauteur et sévérité. Alors, exaspéré par ces refus successifs, le parlement ne se Rome plus à s’opposer à la refonte des monnaie, il étend et généralise son opposition, et, par un arrêt du 12 août qui vise les lettres patentes qui ont établi la banque, il ordonne « que ladite banque demeurera réduite aux termes et opérations portés par ces lettres patentes, et, en conséquence, fait défense aux directeurs, inspecteurs, trésoriers et autres employés par la banque de garder aucuns deniers royaux,.. et ordonne que ces deniers seront remis à chacun des officiers comptables pour être employés au fait et exercice de leurs charges… » Et s’en prenant directement à Law, sans le nommer, il termine a en faisant défense à tous étrangers, même naturalisés, de s’immiscer directement ni indirectement, et de participer en leurs noms ou sous des noms supposés au maniement et administration des deniers royaux… » Mais, par un arrêt du conseil du 21 août, le roi, « étant informé que le parlement de Paris, à l’instigation de gens mal intentionnés et contre l’avis des plus sages de cette compagnie, abusant des différentes marques de considération dont il a plu à Sa Majesté de l’honorer,.. fait continuellement de nouvelles tentatives pour partager l’autorité souveraine, s’attribuer l’administration des finances,.. » casse et annule la délibération du 12 août comme attentatoire à l’autorité royale, règle les cas et les formes dans lesquels des remontrances pourront être présentées et Ordonne « que, faute par le parlement de les faire dans la huitaine du jour que les édits, déclarations du roi et lettres patentes lui auront été présentés, ils seront réputés et tenus enregistrés. »

Cette situation ne pouvait durer. L’agitation commençait à se répandre dans Paris : on disait dans les carrefours, et aussi dans les salons, que Law était décrété d’accusation. Un lit de justice fut résolu. Le 26 août, toutes les mesures ayant été prises pour assurer le maintien de la tranquillité publique, le parlement est mandé aux Tuileries avec une grande solennité, et, « en présence et au nom du roi, » il lui est commandé d’enregistrer l’arrêt du conseil du 21 août et des lettres patentes, qui, rappelant qu’institué pour rendre la justice aux particuliers, il n’a pas de titre pour se mêler des affaires de