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ÉTUDES DIPLOMATIQUES

LA PREMIÈRE LUTTE DE FRÉDÉRIC II ET MARIE-THÉRÈSE
D’APRÈS DES DOCUMENS NOUVEAUX



IV[1].

ÉVACUATION DE L’ALLEMAGNE. — BATAILLE DE DETTINGUE.



I.

Si la reprise de la guerre était accueillie à Vienne, par Marie-Thérèse, et à Versailles, autour de Louis XV, avec une satisfaction à peu près pareille, bien que partant de sentimens très divers, il était une autre capitale et un autre souverain qui en éprouvèrent une impression tout opposée. À Berlin, chez Frédéric, la nouvelle qu’une armée puissante, commandée par un roi en personne, s’approchait des frontières de l’empire avec le dessein de peser sur les destinées de l’Allemagne causa une déception bientôt suivie d’une violente colère. Cette intervention, qui ne devait pas être inattendue, mais qui avait tardé si longtemps qu’on avait fini par n’y plus croire, dérangeait, en effet, tous les calculs de l’astucieux conquérant de la Silésie. En se retirant de la lutte, Frédéric s’était flatté de laisser aux

  1. Voyez la Revue du 1er, du 15 janvier et du 15 février.