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LA REFORME
DES
ETUDES CLASSIQUES

Les changemens introduits, en 1880, dans le plan d’études et les programmes de l’enseignement secondaire classique ont à peine eu le temps d’être éprouvés, et voici que déjà, vivement contestée par un grand nombre de publicistes, leur vertu trouve dans l’université même d’ardens contradicteurs. C’est le sort de toutes les réformes faites sous l’impression d’un mouvement d’opinion déréglé de provoquer ainsi d’énergiques et très promptes réactions. Il n’y a de durable et de fécond, surtout en matière d’éducation, que les progrès lents ; les révolutions n’y ont jamais eu beaucoup de succès. En 1793, la convention, à qui l’audace réussit en tant d’autres points, bouleversa l’ancienne organisation des études et prétendit lui substituer un système d’instruction entièrement nouveau. On sait ce qu’il advint de l’expérience : une montagne de projets, de motions, de décrets, de déclarations de principes où se rencontraient quelques formules heureuses, beaucoup d’utopies et pas une œuvre, si ce n’est, tout à la fin, un vain essai d’organisation des écoles centrales. Il fallut le consulat et le génie de Bonaparte pour restaurer dans le pays de Bossuet l’étude des belles-lettres, rendre à la jeunesse ses vieux collèges et renvoyer les idéologues à leurs chimères.

Nous n’en sommes pas encore là, grâce à Dieu ; l’essai qui se poursuit depuis trois ans n’est pas aussi radical qu’on aurait pu l’appréhender. Après la guerre, dans le naufrage où tant d’autres choses ont sombré, on pouvait tout craindre de l’espèce de fièvre