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n’était qu’un mélange de corps : il en a tiré une substance jaune orangé, à laquelle il a donné le nom d’aurine. Ce qui est plus intéressant au point de vue industriel, c’est que M. Fresenius a indiqué des moyens de se procurer l’acide rosolique. Aujourd’hui, on l’obtient en chauffant ensemble l’acide phénique, l’acide sulfurique, et en ajoutant au bout de six ou sept heures de l’acide oxalique. Au surplus, cette industrie est à peu près abandonnée ; mais nous ne pouvions omettre un corps tiré du goudron, qui a pu fournir à lui seul le bleu, le rouge et le jaune.

Les deux corps tirés des huiles lourdes qui présentent le plus d’intérêt sont certainement la naphtaline et l’anthracène. Ce sont deux carbures d’hydrogène.

Pour séparer la napthaline, il n’est pas nécessaire d’exécuter, comme pour la benzine, une série de distillations fractionnées. Les moyens employés sont plus simples et plus grossiers. Comme ce corps est solide à la température ordinaire et cristallise en lamelles légères avec la plus grande facilité, on se contente d’abandonner au froid pendant cinq ou six jours les huiles lourdes et on retrouve la naphtaline solidifiée. Le liquide est décanté, et les cristaux, serrés sous des presses, se débarrassent de l’huile et forment d’épais gâteaux.

Cette naphtaline fait partie de la même série que la benzine : il était naturel de chercher si elle se prêterait aux mêmes réactions. Zinin, qui avait transformé la nitrobenzine en aniline, obtint par les mêmes procédés le dérivé nitré de la naphtaline, puis, en enlevant de l’oxygène à ce produit, il découvrit une base organique tout à fait analogue à l’aniline, la naphtylamine. Le procédé de réduction de M. Béchamp par le fer et l’acide acétique fut employé dans l’industrie pour préparer en grand cette nouvelle base, comme il l’avait été pour la première. Les ressemblances entre les deux corps se poursuivent jusqu’au bout. De même que l’aniline, en perdant de l’hydrogène, s’est transformée en rosaniline, de même la naphtylamine se transforme en rosanaphtylamine.

M. Perkin avait inauguré l’industrie des matières colorantes tirées de la houille en fabriquant des violets d’aniline. Le même M. Perkin obtint par la naphtylamine des violets sans grand éclat dont la fabrication est abandonnée aujourd’hui. C’étaient des mélanges assez mal définis de sels organiques et minéraux. Ce fut M. Schiendl, de Vienne, qui prépara le premier, en 1868, la rosanaphtylamine pure. M. Hofmann l’étudia aussitôt et en donna la composition. Enfin M. Scheurer-Kestner la prépara en grand dans ses usines d’Alsace.

Comme pour la préparation de la rosaniline, il s’agissait ici d’enlever de l’hydrogène. La réaction indiquée par M. Schiendl est assez