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de 1,930,000 francs ; en 1869, elle était descendue à 864,000 fr. Elle est donc, depuis cette époque, devenue vingt fois plus importante. La pêche des huîtres sur les bancs naturels a augmenté en même temps que la production artificielle ; on a remarqué, en effet, que si ces bancs sont pour les parcs des foyers d’alimentation, ceux-ci à leur tour leur renvoient en naissain une partie des richesses qu’ils en ont reçues. Il s’opère donc entre eux un échange de germes qui est une garantie de leur prospérité commune.

L’ostréiculture est une industrie française. C’est en France qu’elle a pris naissance et que jusqu’ici elle s’est à peu près exclusivement développée. Toutes les côtes ne lui conviennent pas, et il n’y a guère que la Hollande où, depuis quelques années, elle ait passé dans la pratique. Les premiers essais datent de 1877 ; ils ont été faits par l’état dans les polders et ont assez bien réussi pour qu’en 1881 on ait pu livrer pour 200,000 francs d’huîtres à la consommation,


IV

La pêche maritime prise dans son ensemble a armé, pendant l’année 1881, 22,125 bateaux jaugeant de 149,297 tonneaux montés par 80,895 hommes ; elle a rapporté, en y comprenant le gain des pêcheurs à pied, au nombre de 55,485, en poissons et mollusques, un total de 82,670,058 francs. Dans ce chiffre ne figurent pas les produits des parcs et viviers, dont l’importance, comme nous venons de le voir, surtout pour les huîtres, est considérable.

En 1875, le produit de la pêche maritime a été de 77,166,542 fr., en 1869, de 68,897,550 francs, et en 1865, de 57,459,152 francs. La comparaison de ces chiffres fait donc ressortir une augmentation progressive dans le revenu de cette industrie ; augmentation qu’il faut attribuer autant à l’accroissement des prix qu’à celui de la quantité du poisson pêché.

L’extension des voies ferrées a eu pour effet de faire pénétrer les poissons de mer sur tous les points du territoire, si bien qu’aujourd’hui il n’est pour ainsi dire localité si éloignée, où l’on ne puisse s’en procurer dans un état de fraîcheur suffisant. La consommation augmente en même temps que les prix s’élèvent ; et comme la pêche française est impuissante à répondre à ces demandes, il nous faut chaque année en importer pour une trentaine de millions de l’étranger. En revanche, nous exportons pour 26 millions de poissons marines ou conservés dans l’huile.

Au point de vue économique, la pêche maritime offre donc pour notre pays un intérêt majeur ; non-seulement à cause de son importance directe pour l’alimentation publique, mais aussi et surtout