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bancs plus ou moins considérables pour s’y reproduire, et disparaît vers la fin de septembre ; mais elle ne fréquente pas toujours les mêmes parages, et, comme le hareng, se porte sur d’autres points ; c’est ainsi que, depuis quelques années, elle a abandonné les côtes de la Bretagne et du Poitou pour se diriger vers celles de l’Espagne et du Portugal. On pêche la sardine sur toutes les côtes de l’océan, particulièrement dans le quartier de Lorient. On emploie pour cela suit des bateaux non pontés, appelés yoles, de 10 tonneaux, soit des chaloupes pontées de 12 à 30 tonneaux, à l’arrière desquelles on laisse pendre un filet à peu près semblable à une senne, garni de plomb à la partie inférieure et de liège à la partie supérieure ; on attire la sardine en jetant à la mer des rogues, ou œufs de morues desséchés, délayés dans de l’eau de mer ou quelque autre appât artificiel. Les sardines se laissent ainsi entraîner dans le filet, qu’on relève quand on le juge plein et dont on vide le contenu dans le bateau sans y toucher, condition indispensable pour la conservation du poisson. Les arméniens se font à la part ; après le prélèvement des frais d’amorce et des avances d’argent, on répartit, chaque jour ou chaque semaine, le produit de la pêche en un certain nombre de parts. On en donne trois au bateau, une à chaque homme et une demie au mousse. Le patron est traité comme un simple matelot ; mais, comme il est le plus souvent propriétaire de tout ou partie du bateau, il est par le fait mieux partagé. On pêche, on prépare et on vend sous le nom de sardines plusieurs petits poissons appartenant à d’autres espèces et dont quelques-uns ne sont peut-être que les jeunes d’espèces plus grosses. Ce sont : le royan, à l’embouchure de la Gironde, le pilchard, le sprat et la blaquette dans la Manche, le nonnat dans la Méditerranée. La pêche de la sardine a donné naissance à une industrie qui a pris une importance considérable dans un grand nombre de villes du littoral, notamment à Nantes : c’est celle des conservés, dont les produits sont connus du monde entier et donnent lieu à une exportation de 26 millions par an. La supériorité de ces produits a provoqué une déloyale concurrence de la part de spéculateurs américains, qui vendent, sous l’étiquette de maisons françaises, des boîtes de conserves renfermant des harengs au lieu de sardines. C’est un genre de contrefaçon que les conventions internationales doivent être en mesure d’empêcher.

La quantité de sardines pêchées en 1881 s’est élevée à 372 millions 940,031 contre 628 millions 478,248 pêchées en 1880 : c’est une diminution de 255 millions.

Comme les harengs, les maquereaux se pêchent pendant l’hiver sur les côtes d’Écosse et plus tard sur les côtes de France, où ils descendent au printemps jusqu’à la latitude de Rochefort.