Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 61.djvu/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
VICTOR COUSIN
ET
SON OEUVRE PHILOSOPHIQUE

I.
SES MAITRES, PREMIER ENSEIGNEMENT. — VOYAGE EN ALLEMAGNE.

Aucun philosophe de nos jours n’a joui d’une aussi grande célébrité, ni exercé un aussi grand empire que Victor Cousin. Mais cette fortune a eu ses revers, et les jours de la défaveur et de la disgrâce ont depuis longtemps remplacé l’éclat et la puissance d’autrefois. Puis le bruit de la critique elle-même a fini par s’éteindre, et a fait place au silence et à l’oubli. Aujourd’hui, on ne sait plus rien de Victor Cousin, et les jeunes générations ne peuvent s’expliquer en aucune manière le rôle considérable qu’il a joué. Il y a là cependant un problème intéressant qu’il est devenu opportun d’aborder, et que l’on peut traiter aujourd’hui avec une entière liberté. Il ne s’agit point d’ailleurs d’une apologie, mais d’une histoire ; il s’agit de soumettre aux règles sévères de la critique historique une matière trop obscurcie par le préjugé et la passion ; il s’agit enfin de laisser parler les faits et les textes, et de traiter de la philosophie de Victor Cousin comme s’il était question de Parménide et d’Empédocle. Peut-être cependant nous supposera-t-on encore quelque partialité,